Un Week-end sur deux brosse le portrait complexe d’une mère en fuite, soucieuse de préserver ses enfants et, d’un même mouvement, son indépendance de corps et d’esprit. Ce qui surprend lorsqu’on découvre le film n’est autre que l’opacité des personnages, qu’un scénario impressionniste refuse de schématiser ou de psychologiser : leur caractérisation procède par petites touches, par des non-dits ou des paroles blessantes, par des gestes et des postures qui traduisent l’instabilité inhérente au vol en éclats d’un monde suite à la séparation parentale. La libération de Camille prend l’aspect, à l’échelle sociale, tour à tour d’une effronterie adolescente, d’une négligence maternelle et d’un statut de hors-la-loi, avec ses scènes récurrentes de contrôle des papiers – du véhicule, des bambins – par les forces de l’ordre ; elle transparaît d’ailleurs par le refus de la chaise au profit du sol, où il fait bon lire, ranger ses affaires, faire des acrobaties ou même dîner avec les siens.
Une pièce de vêtement, la culotte blanche, dans laquelle se trémousse une heure et demie durant Nathalie Baye, symbolise l’affranchissement douloureux et sacrificiel de cette mère confrontée au dénuement économique et à la détresse morale. La famille est une abstraction que Camille cherche à redéfinir pour mieux la concrétiser ; au plan onirique sur la mère et ses deux enfants sous des arches vertes sollicitant une autre famille pour les prendre en photo, répondent le désert espagnol et l’auberge où passent touristes et ressortissants. Engagée dans une approche néoréaliste, Nicole Garcia ouvre néanmoins son esthétique au merveilleux du conte par le biais de la consultation du ciel et des étoiles, la filante dernière renvoyant au vœu prononcé en silence par une femme qui, à l’instar du roseau, plie mais ne rompt pas.