L'escrime ne paie pas
Une affaire d'honneur, la quatrième réalisation de Vincent Perez, est un long-métrage tout à fait honorable mais qui, faute de profondeur, ne suscite qu'un intérêt poli. L'évocation du XIXe siècle...
le 4 nov. 2023
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À l’heure où les mousquetaires défient le box-office français, avec les deux volets médiocres signés Marin Bourboulon, Une Affaire d’honneur s’affirme comme une proposition solide et honnête qui investit le film historique avec pédagogie (épée, sabre et pistolet ; montée des mouvements féministes ; réglementation stricte des pratiques duellistes), parfaite illustration des travaux dirigés par les historiens Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello dans leur Histoire de la virilité (tome 2), et l’escrime non sans un certain brio de réalisation : la caméra capte toute la tension des affrontements, ses mouvements alertes, mais guère épileptiques, épousent à merveille les différents temps et déplacements du duel.
Vincent Perez, tout à la fois devant et derrière la caméra, s’entoure d’excellents comédiens et d’une équipe technique riche en talents, notamment féminins – en témoignent la présence de Karine Silla au scénario, épouse de l’acteur-réalisateur, de la costumière Madeline Fontaine, habituée de Claude Berri, de Jean-Pierre Jeunet et de Martin Provost (entre autres), etc. Il veille d’ailleurs à remercier de prime abord ses acteurs au générique, avant de créditer son nom sous le titre de réalisateur : signe évident de reconnaissance pour lui qui fut et reste un comédien. Nous reprocherons une explicitation des enjeux et du passé des protagonistes, qui passe par des dialogues inutiles – mention spéciale à la tirade de Clément Lacaze, si taiseux et mystérieux d’ordinaire, qui s’étend sur les traumatismes de la guerre aux côtés de Marie-Rose Astié de Valsayre, alors qu’une confrontation avec une peinture de guerre, quelques minutes auparavant, suffisait à les exprimer par le langage du corps et par le silence.
Une belle réussite dans le paysage cinématographique français, ainsi qu’un vibrant hommage aux Duellistes de Ridley Scott (1977), auquel le film de Perez emprunte sa fougue et son regard acerbe sur l’usure des corps et des cœurs au contact d’une pratique interdite mais jugée, par certains, essentielle.
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Créée
le 13 janv. 2024
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