"Tu sais Rachel, un jour je serais chanteuse sur une scène de théâtre, je le sais"
*Réveil Strident : femme, foyer, guerre (sous la gouverne de Vichy rétrograde et d'un patriarcat sans failles). Si plus tard le réveil à bien laissé place au chant, c'est un autre raccord qui viendra le couper. Un contrechamp terrible (celui de l'affiche) où le visage de Marie se retrouve cloisonner entre deux gendarmes, les hommes.
Treize ans après la loi Veil, Chabrol édifie de nouveau l'avortement comme un droit fondamentale. Brisant la rhétorique absurde de l'Église qui s'allie en cette période sombre avec un portrait du Maréchal Petain lors du plan de la première discution avec l'avocat. En vu bien sur de témoigner des crimes pétinistes (collaboration, déportation, non droit mais devoir, travail patrie famille, élimination de l'opposant) et les conséquences de l'armistice (STO, tentative de repeuplement ect... ). Sept ans après l'abolition de Badinter, le discours sur la peine de mort bien que moindre apparaît. Mais toujours pour en critiquer la procédure pénale Vichiste douteuse, régit par la volonté d'exemplarité basé sur un "ordre moral d'atteinte à l'État" où les scandales de sphères privées deviennent publiques
Chabrol accorde aussi aussi beaucoup d'importance aux regards juvéniles innocents et à l'enfance même si l'écriteau de fin paraît de trop, tant les images le disent avant. Néanmoins il précise - les enfants sont les vrais victimes (de Pierrot avec Claude Chabrol qui reprend sa voix adulte, aux autres enfants qui ont perdus leurs deux parents). Ils sont le futur, celui qui fera de son cheval de bataille l'avortement légale et l'abolition de la peine de mort.
À l'image du schéma de La Cérémonie, mine de rien dans Une affaire de femmes aussi, la femme prolo qui veut s'élever se fait rattraper à la fin, victime de l'injustice sociale. Isabelle Hupert y était déjà présente mais dans ici elle est particulièrement fabuleuse. Elle est tout: pleureuse, rieuse, chanteuse, maman, peak répliques et gestes. Finalement, incarnation parfaite de l'image de la grande résilience de son personnage qui finit même par vituperer contre la Vierge (elle porte le même nom) avant de recevoir son sort macabre.
Une part d'ombre ?
Son ambivalence apparente en fait un grand personnage. À titre d'exemple on est loin de la grande sororité (hormis un cadre proche peut-être) mais plus d'un côté cynique quand il s'agit de faire payer des services. Or c'est un temps de guerre, l'argent ne coule pas à flot, il y a des enfants à nourrir. Oui, elle a un intérêt propre à partir de son endroit (le plan où, elle quitte le champ d'où ces enfants et mari sont présents pour rejoindre son amant). De plus elle élabore des malicieuses supercheries pour se débarrasser de son mari et s'adonner à son adultère. Elle prend quand même l'argent de la défunte, achète de beaux habits, des cours de chants, pour son propre un bonheur, pour améliorer son ordinaire après tout.
Elle reste quelqu'un d'ambivalente, se dit soutient des résistants et ami d'une juive, pourtant a un amant milicien. Mais quand t'es tellement aliénée parfois il est normal d'avoir des réactions et des envies de telles sortes pas forcément très intelligente, puis elle est sous l'euphorie de gagner un peu d'argent grâce à sa débrouillardise, elle obtient pour la première fois unconfort de vie inespéré. Un moment elle énumére le temps depuis lequel elle fait la bonne. C'est vrai quoi, comment lui reprocher tout ça même si il y'a une contrepartie ? Au final cette asymétrie est peut être moins ambiguë que ce qu'il n'y paraît car Chabrol accompagne Marie malgré tout, plaide sa cause de femme qui veut transcender le statut de la construction social. Mi-noire, Mi-blanche, dualité de l'être, donc humaine