Une Anglaise romantique par Maqroll
Je l’ai dit et redit, je tiens Losey pour un des plus grands et une fois encore il ne m’a pas déçu. Thème éternel de la lutte des classes (dans la suite de ses collaborations avec Pinter) mais aussi de la lutte des sexes, étude fascinée des rapports de pouvoir entre les êtres humains, de la domination et de la soumission. L’appartenance, l’amour, le sexe… L’écriture aussi, la poésie, la fiction, le fantasme. Etourdissante mise en scène, chaque plan est à citer, les plongées, les visions en œil, la caméra dissèque. Interprétation magnifique de Glenda Jackson qui apporte sa sensualité animale et équivoque, de même que Helmut Berger apporte la sienne. Michael Caine au milieu est l’élément de la mesure et de la norme. Continuons en rectifiant une grossière erreur : le titre français est une faute : ce n’est pas « Une » Anglaise romantique mais « The » Romantic Englishwoman, quelque chose que l’on pourrait traduire par « la romantique femme anglaise », ou mieux « le romantisme de la femme anglaise ». La scène où Helmut Berger explique la différence entre les Anglaises qui « veulent tout » et les Américaines qui se contentent d’envoyer leur gigolo acheter des chemise est une des clés du film. Terminons sur la scène finale, renversante à tous les sens du terme, où l’on voit la maison des maîtres envahie par les domestiques qui viennent s’encanailler à l’endroit justement où la digne et romantique lady a trompé son mari avec l’infâme trafiquant soi-disant poète… Magistral !