Miroir, ô mon beau miroir... Une remarque sur les reflets dans ce film:

Remarques en vrac:

_"...des rayons de l'aurore à la lueur..." (extrait de l'opéra "Le barbier de Séville" chantonné par le traumatisé)
_"Chez nous, en France, le peuple soi-disant le plus pacifiste du monde, on trouve le moyen d'être en guerre (depuis 20 ans)" (répond un des clients du bar dans une conversation saisie au vol)
Déjà une remarque en 1961 sur les «Premiers de corvée », l'expression, qui a désigné les personnes en première ligne pendant le confinement du COVID...c'est ici quand la serveuse dit que tout le monde est parti et que Paris est vide (comme en plein covid): "(comment ça?)on est toutes seules?! bah et nous alors??!! ...les artisans, les flics ...on compte pour quoi?" dit un visage, voix et accent, que j'aime beaucoup, un Charles Blavette (encore impeccable)
  • __super utilisation de miroirs dans une simple scène de chambre: elle se regarde, on la voit quasi de dos mais son visage est de face dans le miroir; son amant est derrière elle puis on voit aussi son visage dans le miroir, où les deux amoureux finissent réunis mais la caméra sans bouger peut suivre la conversation entre les deux sans avoir à faire de montage...ou sans avoir à faire du 'un coup je filme A et un coup je filme B' etc.
  • cette scène de 1961 où le miroir permet d'avoir presque 4 personnages avec 2 acteurs est aussi dans le Don Camillo de 1965 que j'aime: où dans la chambre d'une malade mourante, qu'on voit 'leur' répondre dans le miroir alors qu'elle est allongée devant deux personnages(Camillo et le prêtre Russe local peureux) lui parlant et l'interrogeant, face caméra; caméra qui reste immobile...
  • ...Francis Ford Coppola avait alors entre 22 et 25 ans et je retrouve cette utilisation de miroir que j'aime tant dans son Parrain III lors de la scène d'invasion de l'appartement de Vincent qui tient à la gorge une des deux racailles, pendant que l'autre racaille tient en joue la maitresse d'Andy Garcia...

Dit autrement:

Ici, Henri Colpi que je connais bien mal, a dans un quasi plan fixe, grâce à ce miroir, l'homme et la femme dans le même plan...quand elle pose sa tête sur lui...et alors qu'ils font quasi dos à la caméra! l'homme est à l'extrême gauche du plan, de dos, on voit son cou...l'amoureuse est au milieu, plutôt de profil, voir de dos,

et à l'extrême droite, il y a de nouveau l'homme, mais de face dans le miroir...pas besoin alors de ce que je crois, vous les pros, appelez "Champ-contrechamp" ...A parle à B, les deux de dos à la caméra, mais on voit A dans le miroir où il est rejoint par B qui pose sa tête sur lui...A+B= amour éternelle dans reflet ^^

  • en plus de cette scène dans la chambre utilisant un miroir, j'ai aimé qu'au début, le contexte local du film puis le contexte nationale et celui internationale soient donnés et résumés et présentés par des bribes de phrases et de commentaires littéralement de comptoir...des Brèves de comptoir résument le contexte (il nous était présenté au début de La veuve Couderc(1971) par des plans sur journaux)...on entend "c'est gay un 14 juillet au volant" donc on comprend qu'on est juste avant la fête nationale
  • quand j'ai enfin découvert le réalisateur Michel Deville d'abord avec 'Péril en la demeure' et 'Dossier 51', j'aimais beaucoup un truc et astuce de ses dialogues dont je ne connais pas le nom technique...une même phrase est découpée au montage et a ses parties prononcée dans plusieurs endroits à différents moments...on a une phrase complète mais saucissonnée au montage.... je croyais alors que Michel Deville en était l'inventeur or je constate que ce procédé était déjà dans ce film d'Henri Colpi en 1961...dont Miller était peut être fan et auquel il rendait peut-être hommage sans que je le sache...par exemple, on voit la bistrotière se coiffer dans sa chambre assise sur son lit pendant que le SDF passe sous ses fenêtres en chantonnant, et en son, en commentaire, on entend sa conscience et pensée intérieure se dire "c'est vrai que je pourrais (partir en vacances)..." ..."surtout que ça commence à être calme par ici"...sauf que cette deuxième partie de phrase est dite à voix haute des heures plus tard lors d'une conversation avec le caviste voisin, qu'on prend en cours ...
  • le début de la conversation avec le caviste était hors-champ mais la phrase fait sens avec celle qu'on vient d'entendre au montage...
  • j'aime aussi les hors champs que je liste
  • on comprend même qu'elle a répété ce désir de vacances et conversations avec deux clients, en train de manger, puisque dans un même mouvement de montage, on a la suite de la même conversation mais avec un acteur différent...c'est Jean Luisi qui continue "...mais c'est normal, tout le monde a le droit à des vacances"
  • Jean Luisi est un des rares seconds rôles que je reconnaisse et connaisse son nom, enfin, car je lui dois un de mes plus gros fou rire, parait il, à un film de Pierre Richard de la collection familiale...un malentendu et quiproquo dans 'On aura tout vu' où il saute soudain et apparait dans le plan, tout nu, criant...car il croit que sa scène porno a enfin commencé...or il interrompait une visite d'une dame sérieuse et innocente, à qui Jean-Pierre Marielle essayait justement de cacher qu'un film porno se tournait dans cette/sa maison...je remarquais enfin Renée Saint Cyr, flegmatique face au priapique.
  • Audri Milési de SC m'apprends dans un texte que Colpi a écrit au sujet du montage que je viens d'aimer sans savoir tout ça: "Lettres à un jeune monteur"

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le 27 mai 2024

Modifiée

le 10 juin 2024

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