Un nouveau regard sur l'espace internet

Ce documentaire offre un nouveau regard sur l’espace internet.

En revenant sur ses origines, on nous apprend qu’internet a été crée par les communautés hippies des années 70 dans le but de constituer un espace virtuel totalement libre et de garantir une liberté d’expression mondiale et sans entraves. Ce récit va à l’encontre de l’idée commune, selon laquelle, les militaires seraient les fondateurs de ce réseau.

Les réalisateurs, Julien Goetz et Jean-Marc Manach, reviennent sur son évolution en confrontant les utilisateurs individuels qui participent à son expansion, face aux pouvoirs publics qui cherchent de plus en plus à le contrôler et à le réguler. En effet, l’Etat avance des exemples de dérives qu’on a pu constater sur internet, telle que la pornographie infantile ou la présence de la mafia sur la toile, afin de légitimer une forme de censure.

D’un côté, les pouvoirs publics veulent intervenir sur les contenus en ligne via des mécanismes juridiques qui entravent la liberté d’expression et d’information (exemple du cas hadopi et ACTA). De l’autre, les activistes de l’internet luttent pour défendre sa liberté en contournant les règles de l’Etat. Ils interviennent également en faisant pression auprès des législateurs voire investissent la sphère politique comme le montre la création du parti pirate en 2009 et son entrée au Parlement européen qui a permis d’abroger le projet ACTA. Les hackers sont ainsi représentés comme des gardiens de la communauté internet, de ses idéaux, et des droits fondamentaux tout au long du documentaire.
Si Nicolas Sarkozy prônait une « civilisation de l’internet », ce qui est défendu dans le reportage est une autorégulation de l’internet via ses usagers. C’est le choc des idées et des opinions libres qui crée les débats et la réelle neutralité du réseau. En somme internet serait un lieu de vie démocratique. Il est d’ailleurs perçu dans le documentaire comme un outil de participation citoyenne viable.

Les usagers se sont vite rendus compte du pouvoir de ce réseau mondial, qui peut être utilisé à des fins politiques. Notamment en terme de surveillance de masse, qui représente un véritable business pour les entreprises informatiques privées. L’intrusion au sein de la vie privée ainsi que les actions de censures etc sont une nouvelle fois contrées par les activistes de l’internet.

Les nombreux témoignages d’acteurs ayant contribué au développement et à l’expansion d’internet depuis ses débuts (Zimmerman, Stallman) nous livrent des anecdotes très révélatrices des luttes menées pour la liberté d’expression sur la toile et dans le monde. Ainsi, l’utilisation de ce réseau prend un tout autre sens. On nous fait d’ailleurs comprendre que tous les usagers doivent contribuer à la neutralité d’internet et pas seulement la techno- élite. En effet, une infime partie des utilisateurs connaît réellement le fonctionnement d’internet. Cela procure un grand pouvoir aux hackers qui savent contrôler cet outil. Mais ne faudrait-il pas une éducation à l’internet afin que son utilisation soit la plus fructueuse ? Tout le monde saurait utiliser cet outil de façon plus ou moins égale, et n’était-ce pas cela, le but d’internet ?

Le format ludique de ce documentaire contribue à maintenir l’attention et l’intérêt du public, tout en nous apprenant beaucoup à la fois sur l’évolution d’internet et les acteurs qui luttent pour son objectif premier : créer une communauté virtuelle libre. On apprécie beaucoup la diversité des intervenants qui soulèvent de nombreuses problématiques. Néanmoins, le parti pris du documentaire est en faveur de la pro neutralité du net et passe sous silence certaines objections qui pourraient être apportées, notamment dans un contexte où les actions terroristes, l’embrigadement etc passent par l’utilisation de la toile. Même si les hackers sont présentés comme des protecteurs, il n’en reste pas moins qu’ils détiennent un pouvoir très subjectif et qui reste dangereux. Cet aspect là est assez éludé.