To the Devil a Daughter qui sort sur les écrans en 1976 est le dernier sursaut du studio de la Hammer alors moribond et bien loin de sa faste et glorieuse période des années précédentes. Le film de Peter Sykes est même souvent considéré comme le chant du cygne du mythique studio un peu dépassé par les audaces, les outrances et la modernité du cinéma de genre des années soixante dix qu'il soit européen ou américain. Et c'est vrai qu'un film comme Une Fille Pour le Diable qui sort huit ans après Rosemary's Baby, trois ans après L'Exorciste, deux ans après l'Antéchrist et un an après La Malédiction semble avoir près d'une décennie de retard sur ses concurrents et modèles en matière de satanisme à l'écran. Une Fille... pour le Diable est d'ailleurs un film qui se fera tailler en pièces de toutes parts lors de sa sortie et même si le film est très moyen et qu'il marque la fin d'une époque il demeure un sympathique divertissement.


Une Fille Pour le Diable raconte l'histoire d'un romancier américain spécialisé dans l'occulte a qui un inconnu confit la garde de sa fille qui doit être utilisée comme représentante du diable sur Terre par un groupe de satanistes, dirigé par un prêtre excommunié.


Une Fille pour le Diable souffre d'emblée d'une écriture inutilement complexe et bien peu lisible et ce n'est pas vraiment étonnant de découvrir que si le film s'inspire d'une des nouvelles de Dennis Wheatley, son auteur se sentira tellement trahit qu'il refusera que la Hammer adapte le moindre de ses écrits par la suite. Quant au scénario il subira de nombreuses réécritures en cours de tournage collant assez bien avec ce sentiment que durant 45 bonnes minutes le film s'écrit et s'improvise à mesure qu'il se tourne. Le film met ainsi une bonne heure a poser des enjeux pourtant assez simple et introduire ses différents personnages, ce qui est loin d'immerger le spectateur dans l'angoisse et la terreur mais plutôt dans un ennui poli et ce n'est pas la mise en scène très classique de Peter Sykes qui va nous réveiller de la torpeur générale. Malheureusement lorsque l'histoire décolle enfin, le film continue de faire le yoyo entre le bon et le plus discutable recyclant sans grande imagination les figures imposées du film sur l'occultisme avec messe noire, orgie sataniste et venue prophétique du diable jusqu' à un final passablement raté.


Cette ultime production Hammer se paye pourtant le luxe d'un très beau casting avec le formidable Richard Widmark, le légendaire Christopher Lee et une jeune débutante prometteuse du nom de Nastassja Kinski âgée d'à peine 14 ans au moment du tournage. Autre temps, autre époque la jeune comédienne bien que mineure jouera entièrement nue pour les besoins d'une scène que la cancel-cultrure finira bien un jour par couper sous les ciseaux de la censure et faire disparaître au titre de la protection des mineurs et aux regards de quelques tordus qui y verront bien plus libidineux que la simple expression d'une beauté virginale livrée aux enfers. Le film glisse aussi parfois vers le bis rigolo avec l'apparition à l'écran une sorte de petit démon bébé poisseux et polisson qui s'amuse sur le corps des jeunes filles. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'en voyant Une Fille pour le Diable que l'on comprends qu'il était temps pour la Hammer de se retirer, mais une chose est certaine le film semble coincé entre le classicisme dépassé et l'envie de coller aux nouvelles tendances de son époque sans jamais vraiment trouver son propre chemin.


Après avoir accouché de tant d'œuvres gothiques fabuleuses L'Hammer de tous les vices donne naissance à une fille qui ne donne pas la sensation d'avoir été conçue dans l'amour du genre mais dans l'opportunisme un peu maladroit. Cette Fille pour le Diable ne sera pas la fille de la postérité pour la Hammer mais comme toute époque qui se termine elle porte aussi en elle toute la nostalgie des années passées.

freddyK
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le 8 mai 2021

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