Selon Martin Scorsese, on ne peut que ressortir de ce film avec une nouvelle vision de ce qu'est le cinéma. C'est comme ça qu'on m'a convaincu d'aller passer 3h de ma soirée à voir ce film dans un ciné en plein air.
Bon, ma vision du cinéma n'a pas été révolutionnée par Ghatak. Et pour être honnête, j'ai quand même bien senti passer les 3h, il y a beaucoup de longueurs, et j'ai failli abandonner quand 20 minutes avant la fin du film on nous introduit toute une tripotée de nouveaux personnages qui n'ont de prime abord rien à voir avec l'intrigue principale qu'on suivait (un peu difficilement parfois) depuis 2h40.
Mais ça reste tout de même un film à voir, et la première heure et demi est passée toute seule. Il y a vraiment une esthétique délicate et touchante, qui ne s'essouffle pas au long du film. Là tout de suite je pense aux gros plans sur le visage de Basanti enfant, aux gouttes de pluie sur la rivière, à la barque qui vogue sur l'étendue immaculée de la rivière avant de trouver la jeune mariée échouée. On récolte aussi par-ci par-là de très belles lignes de dialogue, j'ai notamment été marquée par la complainte de l'homme au bord de la rivière dont la fille vient de partir dans un autre village. Et certaines intrigues m'ont vraiment émue, notamment l'attachement (presque) sans faille de Basanti à l'orphelin, à qui elle ne doit pourtant rien et qui n'est pas de son sang, mais qui lui rappelle l'enfant qu'elle aurait aimé avoir avec le père de l'orphelin qui était son amour d'enfance. A travers la caméra tout ce petit monde si dur et abrupt semble finalement très doux.
Mais il demeure qu'il faut se lancer dans ce film avec une certaine motivation (ou plutôt une motivation certaine) et idéalement le voir, comme moi, sur grand écran pour ne pas se laisser distraire parce qu'on perd facilement le fil, et que la beauté de ce noir et blanc très contrasté le vaut bien.