Une vie simple par Selenie
Une erreur dans mon planning hebdomadaire et me voilà dans la salle pour voir "Une vie simple"... Et quel plaisir d'avoir pu voir ce petit bijou ! Le producteur et scénariste Roger Lee évoque une partie de sa vie avec sa domestique (la vraie, Tao Jie est décédée pendant le tournage) et en profite pour montrer des liens familiaux hors lien du sang et d'offrir une réflexion sur le devenir de nos personnes âgées. On est à Hong-Kong, les différences culturelles offrent aussi des perspectives nouvelles... La domestique qui s'est occupée de toute une famille bourgeoise se retrouve dépendante et là où c'est nouveau, la famille employeuse depuis des générations s'unie pour subvenir aux besoins de leur "marraine". Il est d'ailleurs amusant de remarquer que l'actrice Deannie Yip (magnifique Ah Tao) est réellement la marraine de l'acteur Andy Lau (fils de ses employeurs et officieusement son filleul dans le film !). Fable sociale qui nous apprend également que le vrai nom de la domestique est "Chung Chun-Tao", "Chun-Tao" étant le nom universellement donné aux enfants domestiques orphelins des milieux défavorisés ; terme ayant toujours la même connotation aujourd'hui... Outre le voyage intimiste en extrême-orient on est jamais perdu puisque les thèmes du film (retraite, maison mouroir, interrogation sur les liens du sang, solidarité...) reste commun au monde entier. On remarquera aussi des têtes connues (pour les amateurs) comme Anthony Wong (acteur fétiche de Johnnie To), Tsui Hark (réalisateur culte de "Il était une fois en Chine") , Sammo Hung (acteur-réalisateur), Raymond Chow (célèbre producteur depusi l'époque Bruce Lee) et j'ai même cru reconnaitre une apparition de Chow Yun-Fat (repas famlilial à table dans le dos de Andy Lau)... Amusant de constater que tous ses grands noms du cinéma Hong-kongais sont surtout connus pour des films d'action, les voir ainsi dans un film d'auteur intimiste est assez savoureux. En résumé la réalisatrice (connue et appréciée à HK peu reconnue chez nous) a regroupé un casting étonnant mais diablement malin pour une histoire ancrée dans un réalisme quasi documentaire, au sujet douloureux sans tomber dans le pathos. Dans un scénario subtil où se mêlent les antagonismes sociaux (riche/pauvre, jeune/vieux, malade/valide...) dans un équilibre qui frise la perfection. Rarement on a vu un film qui évite tous les clichés conflictuels (disputes intra-familiales, avarices, égiïsmes...) pour signer une démonstration humaine forte sinon nécessaire. On reste impressionné par la justesse du propos, la pudeur omniprésente mais toujours avec une sincérité. Ca faisait longtemps que je n'avais pas eu les yeux aussi humides, sur toute la durée du film, des larmes de tristesse mais aussi parfois de joie. Un film qui m'a purifié l'esprit... Un film qui émeut, bouleverse, touche au coeur... Allez le voir !