Par Pascale Bodet

« Au Japon aussi, il existe une jeunesse qui a pris les armes pour la révolution » lit-on au début du film. Puis on voit un groupe de militants d’extrême-gauche s’auto-détruire par idéologie, dans la paranoïa, la terreur, la torture et le meurtre. Pour qui ne sait pas que le Japon aussi a eu ses brigades Rouges, sa RAF, ses Weathermen, sa Young Angry Brigade, son Action Directe, United red army, un docu-fiction de 3h10 signé Kôji Wakamatsu, peut paraître une oeuvre de l’imagination, un cas d’école vraisemblable et universel, mais un épisode historique monté de toutes pièces. Comment se fait-il qu'il subsiste un doute quant à la réalité des faits racontés ? Sans doute parce que ceux-ci sont inconcevables. Et que dans la première partie, montage d'archives brèves et lacunaires qui sont peu à peu parasitées par des séquences de reconstitution artificielles, Wakamatsu ne cherche pas à faire comprendre les raisons du mai 68 japonais. Il se refuse à justifier l'existence du mouvement, ne lui donnant pas plus de socle idéologique que psychologique ou fictionnel. Les étudiants se divisent déjà en factions et on les voit plus souvent se battre entre eux que s’organiser contre un ennemi commun. Ils sont des silhouettes dont les engagements décisifs paraissent convenus. Et puis parce que les séquences de reconstitution sont si artificielles qu'on ne peut pas non plus croire qu'on y est "propulsé dans l'époque".

Dans une salle de bar irréelle de studio, sur l’air du « Temps des cerises » chanté avec l’accent japonais, une jeune femme s’apprête à partir pour le Liban. Elle est membre de l’Armée Rouge Japonaise, la branche internationaliste, dont les membres vont combattre en Palestine aux côtés du FPLP. Son amie reste sur place. Elle est membre de l’Armée Rouge Unifiée, le groupe sur lequel le film va maintenant se centrer, dont l’affaire du chalet d’Asama en 72 marquera la fin tragique. Ce répit avant l’horreur est teinté de la mélancolie des adieux. (...)

Lire la suite sur : http://www.chronicart.com/cinema/united-red-army/
Chro
10
Écrit par

Créée

le 10 avr. 2014

Critique lue 431 fois

2 j'aime

Chro

Écrit par

Critique lue 431 fois

2

D'autres avis sur United Red Army

United Red Army
Gizmo
5

adhérez au Modem !

Un sujet passionnant, un pan d'histoire incroyable, qui fait vraiment remettre en perspective toute l'histoire contemporaine et l'engagement politique. Donc pour ça, ça vaut la peine, mais j'ai été...

le 9 janv. 2011

4 j'aime

13

United Red Army
dead
10

Le rouge et le noir

Les années 70 au Japon. L'avant-garde estudiantine marxiste-léniniste s'enferme dans un long huis clos qui tourne au jeu de massacre. Fascinant.

Par

le 19 août 2010

4 j'aime

United Red Army
Behind_the_Mask
7

Ce n'est pas une révolution

Dès les premières minutes de United Red Army, mêlant pourtant les images d'archives à des morceaux de fiction, on se dit que quelque chose ne va pas dans ce Japon du début des années soixante qui...

le 17 janv. 2021

2 j'aime

Du même critique

Les Sims 4
Chro
4

Triste régression

Par Yann François « Sacrifice » (« sacrilège » diraient certains) pourrait qualifier la première impression devant ces Sims 4. Après un troisième épisode gouverné par le fantasme du monde ouvert et...

Par

le 10 sept. 2014

43 j'aime

8

Il est de retour
Chro
5

Hitler découvre la modernité.

Par Ludovic Barbiéri A l’unanimité, le jury du grand prix de la meilleure couverture, composé de designers chevronnés, d’une poignée de lecteurs imaginaires et de l’auteur de ces lignes, décerne sa...

Par

le 10 juin 2014

42 j'aime

Ultraviolence
Chro
3

Comme une parodie d’une BO de Lynch, interprétée par une godiche lobotomisée.

Par Tom Gagnaire Chez Lana Del Rey, tout semble tellement fake qu'on peine à croire à la sincérité de la demoiselle dans cette tentative risible de vouloir faire un disque plus abrasif, rauque et...

Par

le 26 juin 2014

31 j'aime

29