Greyhound est assez particulier. On est face à une production au budget conséquent, et qui se pare donc d'effets plutôt saisissants. Tom Hanks monopolise la caméra, et se retrouve également au scénario, tandis que le réalisateur inconnu Aaron Schneider, s'il ne fait pas montre de virtuose, réussit à rendre une copie efficace et lisible. A priori, les ingrédients sont les bons, et la présence de Stephyen Graham en sus est toujours appréciable. Mais il y a un truc qui cloche, un blip sur le sonar.
On est dans un premier temps largué par tout le jargon technique, jamais explicité, et il faudra attendre la fin de la première traque pour commencer à saisir les différentes informations qui remontent sans cesse à Captain Hanks. En soi, c'est plutôt agréable de ne pas être pris par la main et de réussir à se maintenir à flot par contextualisation, là n'est donc pas le soucis. D'autant plus que cela participe à l'immersion dans l'état d'âme de notre protagoniste, s'abreuvant de datas et de café sans interruptions, et devant prendre des décisions charnières à chaque instant.
Enfin, cela marche sur le papier, mais dans les faits, l'intention est sabotée par un cruel manque d'âme à Greyhound, ce fameux blip. Le film ne raconte rien, et ce rien, il le raconte sans enthousiasme, sans énergie. Les personnages sont transparents, n'existant qu'au profit de Tom Hanks. Mais difficile de se sentir impliqué lorsque la seule chose que l'on connaît du personnage, c'est un flashback plat de 5 minutes, avant d'être largué directement dans l'action. Ce manque d'âme, de profondeur, aurait sans doute pu être en partie réglé par une durée plus longue, 1h30 pour un film de guerre étant anormalement court.
On est cependant loin du naufrage, Greyhound traitant d'un sujet assez original pour tenir le spectateur, et m'ayant fait, pour la première fois (et bien plus que l'étron de Peter Berg) fait visualiser une véritable partie du jeu Bataille Navale.