Avec le western italien on s'était habitué à ce que le genre s'exile hors des grandes plaines de l'ouest américain ; parfois pour le meilleur et le plus souvent pour le pire même si certains "spaghettis" n'avaient rien à envier à certains films de Ford, Hawks ou Peckinpah.
A l'autre bout du monde, Akira Kurosawa, tout en insistant davantage sur la thématique de l'honneur, nous avait également familiarisé avec une sorte de western asiatique de qualité, Rebellion, la Forteresse noire ou les 7 samouraïs étant construits sur des schémas relativement proches des westerns traditionnels. (D'ailleurs Kurosawa était un admirateur de John Ford dont il avait étudié les films).
Mais quid du western néo-zélandais ?
Eh bien c'est assurément une curiosité !
Utu commence avec le massacre d'un village maori par un détachement de militaires blancs : femmes, enfants, vieillards, tous font les frais de ce qui ressemble à un épisode génocidaire.
Et tout cela va profondément énerver le Géronimo de service en la personne de Te Weke (parfaitement interprété par le grimaçant Anzac Wallace qui n'aurait pas dépareillé dans un haka des All Black), un caporal Maori dont la famille a péri dans le massacre et qui va n'avoir de cesse de se venger.
Mais après ce préambule relativement classique, le film prend des chemins pour le moins déconcertants.
D'abord par la géographie qui balaie tout ce que la Nouvelle-Zélande peut offrir en variété de paysages : déserts, marais, prairies, montagnes rocailleuses, et jungle tropicale. Un vrai tour operator.
Ensuite par le traitement des personnages qui loin de se fixer sur notre caporal énervé va s'intéresser à la romance coquine d'un jeune lieutenant avec une beauté locale, à un vieux sage maori qui s'avèrera plus important qu'il ne parait ou encore aux agissements de son ennemi juré, un fermier qui a fait les frais de la vengeance aveugle de Te Weke.
Ces parenthèses narratives, bien que distrayantes ont pour fâcheuses conséquences de diluer la tension générale du récit et d'occulter les enjeux initiaux. De ce point de vue, le film peut agacer voire lasser.
On retiendra davantage, à l'image de la superbe dernière scène- proposant un tribunal improvisé autour d'un feu de camp-, une photographie somptueuse qui donne autant dans le flamboyant que dans le poisseux et surtout l’énergie communicative de cet écorché vif de Te Weke, un personnage à l'expressivité saisissante qu'on n'oubliera pas de sitôt.
A découvrir.


Personnages/interprétation : 8/10
Histoire/scénario : 6/20
Mise en scène/réalisation : 8/10


7.5/10

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le 1 juin 2018

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Theloma

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