C'est un premier film et je l'ai trouvé réussi. J'ai été pris par le sujet, l'histoire, le climat.
Pierre Deladonchamp est excellent dans le rôle du psychopathe. Et Ophélie Bau est charmante et pleine de naturel.
J'ai quasiment oublié pendant 95 minutes que j'étais en train de regarder un film. Deladonchamps compose si bien son personnage qu'on y croit à 100%, qu'on le sent capable de tout et qu'on se demande jusqu'où ça va aller, d'autant que la violence se passe, quasi toujours, off et qu'on doit la reconstruire en imagination.
Le naturel et le réalisme avec lesquels joue Deladonchamps (et qui angoissent parce qu'on ne sait rien des motivations et de l'histoire du "vaurien" mis en scène, sinon qu'il vient juste d'être libéré de prison) m'ont un peu rappelé ceux de Michel Galabru dans Le Juge et l'Assassin de Tavernier. Les deux psychopathes tueurs se ressemblent un peu, pas physiquement bien sûr, mais par leur naturel dans le mal et l'espèce de jouissance qu'ils semblent en tirer.
Le film est parfois bavard, mais il évite soigneusement de nous donner tout début d'explication sur le comportement de ce Djé qu'incarne Deladonchamps, et c'est d'autant plus angoissant, parce que le spectateur est vite mis dans la confidence de la nature mauvaise de celui-ci, comprend vite qu'il est capable de tout, du pire, alors que les autres protagonistes de l'histoire se fient, eux, plus ou moins à la bonne mine et au côté rassurant de ce mec dont ils pensent seulement que c'est un pauvre type en rupture de ban, qui sans doute n'a pas eu de chance dans la vie et qu'il faut donc traiter avec bonté et humanité... alors que c'est une bête féroce.
Sinon, j'ai été un petit peu déçu par le final et l'ambiguïté dans laquelle il nous laisse. J'ai trouvé que, de la part du réalisateur, c'était un peu facile de s'en tenir à ce parti-pris de pur constat d'un être malfaisant dénué de toute moralité, en nous donnant pour seule explication de son comportement celle déclarée dans le titre de son film.