Quatrième round pour les légendaires Verhoees de Crystal Lake et sans Miner, c’est désormais pour de bon le degré zéro de l’originalité et de l’inventivité. Après la 3D, le leitmotiv destiné à faire saliver l’auditoire est maintenant l’heure des règlements de compte avec la mythologie ; c’est en tout cas ce que le titre laisse entendre. Prétendument »Chapitre Final », ce nouvel opus est réalisé par l’affligeant Joseph Zito, réputé pour ses nanars mettant en vedette l'inénarrable Chuck Norris. Avec lui les records sont battus et la catastrophique saga est emmenée vers les tréfonds de la nullité : ce Chapitre final demeure l’un des slasher les plus accablants de l’Histoire du cinéma.


Sauf les trois meurtres du début et sa fuite de la morgue, Jason est absent pendant une heure. Ce Chapitre 4 est donc pour l’essentiel un vil petit film teen, avec quelques fausses scènes de tension d’une niaiserie mortifère : mais qui se cache sous ce pont, qui me fait cette petite farce, serait-ce le boogeyman ou mon ami que je ne voulais pas rejoindre dans son délire ? Il y avait dans le Chapitre 3 un rapprochement avec la comédie potache, évacué à temps et ridicule par ses prétentions, mais c’était nanardesque, décent en un sens. Cette fois c’est différent : l’esprit de Police Academy plane sur ce Chapitre 4, dont le contexte renvoie à celui de La Boum & cie. Trop violent, trop désagréable.


La présence marquée d’une petite famille (et du fils en particulier) renforce ce triste tournant, où les intrigues juvéniles et une construction de film sentimental médiocre dominent, tout en laissant les jeunes héros parler de sexe. Le mérite de ce Chapitre 4 est d’arriver à en parler, d’y consacrer quelques scènes même : le premier Vendredi 13 arrivait à peine à accoucher de ça. Oui mais que vois-t-on, qu’entends-t-on ; des petits blaireaux avides de coucheries, exposant leurs théories consistant à déduire que niquer est l’essentiel, ou que tout de même la pression est terrible, côté garçons ; qu’il ne faut pas avoir peur de se corrompre car c’est la vie nom d’une bite en bois, côté filles. Dans le 2, il n’y avait pas cette atmosphère de ploucs vaniteux et de nymphos précoces pleines d’assurance : c’était direct à la chose, c’était plus correct (et consistant). L’orientation balourde est confirmée avec le casting féminin, il n’y a quasiment que de très belles post-ados (ce n’était pas si tranché auparavant), l’exception étant le grosse du stop (troisième trucidée), petit instant narquois du film.


Les trois précédents étaient des slashers typiques donc mauvais, en incarnant justement tout ce que ce sous-genre peut avoir de misérable. Mais ici, Vendredi 13 est totalement dans le potache nain et l’ambiance de blaireaux ; ce que Steve Miner contenait ou marginalisait même dans le 3e opus au profit des ‘vrais’ morceaux de bravoure. Les délires campus de veaux et même Denis la malice (avec le petit intello) s’accumulent et à côté de ces intrigues interminables, les errances du premier prennent quasiment du relief. Le slasher authentique reprend ses droits mais le niveau reste imbuvable ; ainsi la dernière demie-heure est marquée par une ambiance très lourde, mais ne fonctionne pas du tout. De l’absence de tension on est passé à l’ennui irritant. Il n’y a au aucune vision subjective, sauf résiduelle sur quelques secondes. C’est malgré tout une consécration sur le plan pratique puisque le tueur apparaît toujours avec le masque de hockey désormais. Il faut enfin relever ‘l’idée’ des masques de monstres du petit génie Tommy, clé de la lutte contre Jason.


Le final très violent, sans humour, dans la pénombre, sauve le film des abîmes où se baladent les pires réalisations de tous les temps, dans lesquelles il a les pieds de toutes façons. Les puristes retiendront quelques meurtres parmi les plus pittoresques de la saga (à la scie, banana splitz). Jason tombe alors le masque ; il est de près, encore plus horrible. Depuis son entrée en scène dans le second opus, sa difformité immonde aura été croissante. Il n’y a même plus la petite lumière émotionnelle de l’animal excité du précédent round : froideur absolue de la bête. À la fin, Jason est mort, enfin, tué par Tommy dans un accès de rage spectaculaire. Un policier naïf et bien brave assure à la sœur de Tommy en convalescence sur son lit d’hôpital que le petit Tommy ne gardera pas de traces de cette violence. Il la rejoint alors, l’air troublé et perdu ; et là dans ses bras, au lieu de pleurer, il ouvre grand ses yeux et porte vers nous un regard illuminé et menaçant.


Le méga-nanar va donc se poursuivre avec une possible relève de Jason : ce sera la tentative du cinquième opus, les fans ne supporteront pas. Commencera alors une nouvelle ère pour Jason, tellement plus fort que la mort (troisième, quand même) qu’il entamera une carrière dans le fantastique et même dans la SF.


https://zogarok.wordpress.com/2015/10/30/la-saga-vendredi-13/

Zogarok

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