Vengeance de Femmes (Act of violence) est une série B de 1974 réalisé par Bob Kelljan qui après avoir shooté quelques films fantastiques à tendance vampirique comme Count Yorga Vampire ou Scream Blacula Scream s'essaye ici au Rape and revenge tendance ultra-féministe pour ce qui restera son dernier film avant de se tourner vers la télévision ( Starsky et Hutch - Drôles de Dames). Vengeance de Femmes est un petit film qui , si il sortait tel quel aujourd'hui , se ferait laminer et démolir pour son odieuse misandrie post balance ton porc et sa vision hautement caricaturale de l'homme et du mâle triomphant. Le film rappelle juste qu'il existe des combats légitimes qui ne doivent pas être jugés uniquement par leurs excès, ni comme des effets de modes et que leur réalité ne date malheureusement pas d'hier. Vengeance de Femmes s'octroie tout les droits de la plus excessive des séries B pour flanquer un furieux coup de tatane dans les roustons des hommes qui confondent les fonctions cérébrales avec les fonctions péniennes.
Vengeance de Femmes raconte donc l'histoire de Linda une jeune femme qui se retrouve victime d'un serial violeur . Ne trouvant pas d'écoute et d'attention suffisante auprès de la police la jeune femme décide de fonder avec d'autres victimes du même violeur une sorte de gang pour protéger les femmes des hommes qui n'ont pas compris le sens du mot consentement mais aussi retrouver et faire la peau à leur agresseur.
Vengeance de Femmes est un film à la fois jouissif et un peu malaisant du fait de la personnalité tordue de l'agresseur qui prête parfois à sourire lors d'actes qui ne devraient objectivement jamais susciter ce genre de réaction. Il faut dire que l'agresseur qui porte une combinaison orange et un masque de hockey à la Jason est bien plus bavard que charismatique, il ne cesse de se vanter de sa prodigieuse virilité et surtout il force ses victimes à chanter Jingle Bells en plein viol ce qui avouons le provoque un sourire un poil tordu et un léger sentiment de malaise renforcée par le fait que Bob Kelljan filme ses scènes de viols avec une certaine complaisance érotique. Après, tout les films sont fait pour confronter le spectateur à ce qu'il regarde, quitte à être malaisant. Pour le reste Vengeance de Femmes fonce dans le lard de son sujet et ne s'embarrasse guère de nuances, autant vous dire qui si vous êtes du genre à avoir besoin d'un personnage positif pour ne pas vous sentir globalement visé vous pouvez allégrement passer votre chemin car tous les hommes du film sont des bon gros connards sans trop de nuances et le film ne fera jamais dans la dentelle. Sous le prisme de la pure série B avec tout ce qu'elle peut s'offrir d'excès et de caricature c'est un pur bonheur de voir cette bande femmes s'initier au karaté pour ensuite débarquer dans leur combi Wolswagen pour botter le cul des indélicats. Les drôles de dames vont défoncer la voiture d'un mac violent tout en lui collant une rouste ou humilier un harceleur téléphonique en se foutant ouvertement de son physique ingrat (Merde on avait dit pas le physique). Les donzelles toujours prompt à agir vont aussi saccager l'appartement d'un dragueur si certain de son charme viril qu'il n'arrive pas à accepter ni comprendre qu'une femme lui dise non, l'irrésistible mâle finira même avec la bite au bleu de méthylène.
Mais Vengeance de Femmes n'est pas qu'un bis féministe bien bourrin et jouissif car le film de Bob Kelljan fait aussi tristement écho à l'actualité avec l'apparition récente du #doublepeine, preuve si il en fallait qu'un prétendu phénomène de mode n'est pas parfois que l'expression d'une parole trop longtemps inaudible. Il y-a dans Vengeance de Femmes une formidable scène durant laquelle Linda (formidable Jo Ann Harris) va porter plainte au commissariat et se retrouve confrontée à des hommes qui à travers un questionnaire humiliant la traite plus comme une coupable qu'une victime. En sortant du poste de police la jeune femme entendra même un flic dire tout bas que ce ne doit pas être si désagréable d'être violé , ce à quoi Linda répondra par cette formidable tirade que je récupère très paresseusement de la critique de RENGER :
« J’espère de tout mon cœur, j’espère que ça vous arrivera un beau jour ! J’espère qu’un jour vous tomberez sur un sado-maso, un PD aussi vicieux que baraqué, un vrai dégueulasse. Et que ce type vous obligera à vous mettre à poil et qu’ensuite il défoncera votre gros cul avec son machin et ensuite après ces réjouissances, ensuite j’espère que vous tomberez sur un flic de votre acabit, un fils de pute qui aura le culot de dire que vous vous êtes laissé faire et que vous avez pris votre pied. » Cette tirade est à l'image du film , pas très subtil mais parfaitement claire et tellement jouissive à entendre.
Malheureusement Vengeance de Femmes va un peu rater sa sortie et le final du film avec l'inévitable confrontation entre le serial violeur orange avec son masque de Jason et ses victimes ne sera pas tout à fait à la hauteur de la tension et de la violente charge mise en place durant tout le film. Un léger bémol pour un film qui donne un bon coup de pieds dans les roustons de ceux qui considèrent depuis trop longtemps et encore aujourd'hui les femmes comme des objets propre à assouvir consentantes ou forcées tous leurs désirs et surtout qu'une femme violée l'a forcément peut être un petit peu cherché.
Voilà j'ai vraiment beaucoup aimé Vengeance de Femmes car je pense que c'est aussi de la caricature que viennent parfois les nuances et que ce petit film de 1974 éclaire et relativise pas mal de critiques post modernes qui transforment de manière caricaturale des revendications légitimes et anciennes en misandrie idiote et systématique (Et je m'inclus à ce triste constat). Et si par hasard en regardant Vengeance de Femmes vous vous sentiez visé, castré et blessé par la caricature je terminerais sur ces bonnes paroles gouailleuses de Maggy Bolle sur la virilité triomphante : " Tu pensais que ton phallus / Te rendrait tout puissant / N'oublie pas qu'c'est d'un utérus/ Que t'es sorti en chialant".