L'annonce d'un long-métrage centré sur Venom fut pour beaucoup l'objet d'un grand intérêt, étant moi-même un grand fan du personnage je ne pouvais qu'être intrigué par le projet. Je restais cependant sceptique quand à l'idée d'un film "Venom" sans Spider-Man, ce dernier étant théoriquement indispensable à la compréhension de tout ce qu'implique le symbiote à la base.
Les studios ayant fait savoir que le film serait "un film d'horreur, sombre et violent", nous ne pouvions qu'être intéressé par le concept. Les déçus de Spider-Man 3 devaient être rassuré à l'idée de cette direction (troisième volet que je trouve très correct malgré ses défauts). Il suffisait d'offrir un travail d'adaptation approprié pour offrir à Venom son propre univers cohérent.


Malheureusement quelques temps avant la sortie du long-métrage, divers articles dévoilèrent que "Venom" a finalement été travaillé pour donner un film tout public et accessible à tous. D'autres informations laissant supposer une oeuvre assez indécise quand à son ton à adopter fusèrent par la suite. Ce brusque changement de direction sentait le "bad buzz" arriver et quelle ne fut pas ma surprise de voir effectivement émerger de nombreuse critiques négatives peu avant le 10 octobre 2018.


Mon visionnage en salle fut assez particulier. Le film est très regardable et j'ai passé un bon moment malgré ma note très négative. Le principal problème du long-métrage est selon moi qu'il fait presque systématiquement les mauvais choix et ce dans sa propre diégèse cinématographique.


Commençons néanmoins par les points positifs :


Tom Hardy offre un Eddie Brock de qualité (du moins durant le premier acte du film). Le personnage peut se montrer attachant pour le public de par son intérêt pour la cause humanitaire dans ses différents reportages. Sa descente aux enfers est assez brutale (perte d'emploie et rupture amoureuse arrivant de façon assez forcée) mais cela n'empêche pas de proposer un personnage assez intéressant.
Ensuite le travail d'adaptation en lui-même est pas mal du tout. Comme dis précédemment, j'avais peur de cette univers sans Spider-Man. Je ne suis pas du genre à penser qu'il faut respecter le matériel de base dans une adaptation, je juge le film en tant que film. Cependant Venom est tellement lié au tisseur par de nombreux aspects que je voyais mal comment faire un film sans le célèbre super-héros en collant rouge. Mais le résultat offre une diégèse cohérente exposant au spectateur un Venom dans son univers propre et (théoriquement) sans Spider-Man.


Les problèmes entrent en scène réellement à partir de la première apparition Venom dans le film (qui suit une course-poursuite assez mole laissant déjà un goût assez amer aux spectateurs). Si l'on se penche simplement sur le plan technique, le symbiote fonctionne sur certaines scènes mais ne marche absolument pas pour d'autres passages, notamment les cut très courts (ce qui, pour un blockbuster de 2018 aussi attendu, est déjà assez problématique). Certains plans nécessitant l'utilisation massive d'effet spéciaux semblent avoir été fini à la va-vite.


Eddie Brock devient un imbécile une fois Venom montré concrètement à l'écran. Les autres personnages sont, au mieux, inintéressants et, au pire, de véritables imbéciles. Le plus mauvais caractères étant sans doute le PDG de la "Life Foundation", un véritable homme sans âme tellement horrible qu'il en perd sa crédibilité. Il décide de tester l'association humain/symbiote après 6 mois (complètement ahurissant) et peut décider d'une minute à l'autre de lancer une fusée à travers l'espace (comme si tout cela se réglait en 3 minutes). Sa jeune assistante agit également de façon ridicule (notamment dans sa façon de dévoiler à Brock l'existence des symbiotes (sérieusement il n'y a pas de caméras dans un complexe scientifique pareil ?). Michelle Williams, sans être une mauvaise actrice, n'a aucune prestance à l'écran. La faute à un son utilisation dans le scénario vraiment baclée et parfois navrante.


Je me préoccupe peu que le film soit fidèle aux comics ou non. Mais il est nécessaire qu'il soit au moins cohérent dans son propre univers ce qui n'est pas le cas. Le meilleur exemple de ce problème selon moi serait sans doute le fait qu'il est clairement expliqué oralement que les symbiotes doivent entretenir un lien fort avec leur hôte pour pouvoir fusionner avec lui. Pour Eddie Brock il est vrai que la fusion avec Venom se fait lentement, dans la douleur jusqu'à ce qu'il puisse s'accorder. Pour ce personnage pas de problème. Cependant dés les premières scènes du long-métrages le symbiote Riot (certe plus puissant que Venom mais cela n'est pas une excuse nous le verrons ensuite) possède le corps d'un astronaute, ensuite le corps d'une policière asiatique, puis une vieille femme, une petite fille,...tout cela pour en arriver au PDG de "Life Foundation". Riot semble pouvoir passer de corps en corps sans le moindre soucis et être capable de prendre possession totalement de son hôte en quelques secondes. Pourtant le PDG de la firme, lui, a encore contrôle sur lui-même et semble presque maîtriser la bête en quelques minutes de temps à l'écran. Il en va de même lorsque Venom prend le contrôle de Michelle Williams, outre une référence sympathique au personnage "She-Venom", ça n'est pas cohérent de voir l'hôte et le symbiote fusionner aussi vite.


Le plus gros point noir du film selon moi est le personnage de Venom en lui-même. Comme dit précédemment il passe parfois mal à l'écran, la faute à des effets spéciaux pas toujours au point (et pourtant je suis tolérant sur cet aspect normalement). Ensuite, la production ne sait pas sur quel terrain jouer avec le symbiote. Au début le film respecte relativement son côté sombre annoncé au départ. Mais plus le long-métrage avance, plus le film devient littéralement une comédie. Alors oui certaines blagues marchent biens (on retiendra surtout le "Nous allons la reconquérir"), mais ne sont pas cohérente avec le ton général utilisé par le film. Venom se veut trop humoristique (je parle pas d'un point de vue adaptation, plutôt de cohérence globale du film) et n'assume absolument pas ce que le film doit être : Le premier vrai film basé sur un super-vilain.
Cela n'est absolument pas assumé et rend le film finalement inintéressant et très vite oubliable. Venom se définissant comme un "loser" sur sa planète puis disant à Brock qu'il l'a aidé et que maintenant ils vont "Sauver le monde"...ça fait mal. encore une fois je me fout du respect des comics, ici il y a un réel problème filmique.
D'autres scènes mettent également mal à l'aise, je prend pour exemple le passage à la fin ou Venom se fait brûler par la fusée et qu'Eddie Brock hurle "Venom! nooon". Cette réplique de 3 secondes est un tsunami de problèmes. Quoi il est triste que Venom (monstre meurtrier je le rappelle) risque de mourir? Il devrait être content justement quand moins de 30 minutes avant il voulait encore s'en débarrasser. Qui voudrait garder un monstre pareil dans le corps à part...Cletus Kasady (#transition).


Et oui, comme on pouvait s'y attendre, Carnage a été annoncé dans la scène post-générique du film. Difficile de savoir quoi en penser. Woody Harrelson est un excellent acteur mais il semble digne d'un jeune geek faisant un cosplay de Kasady en convention. De plus ses quelques paroles sont...embarrassantes : "Quand je sortirai d'ici, ça va faire un carnage". Oui bon on repassera sur la finesse d'écriture de ces dialogues (qui ne sont de toute façon pas le point fort du film. Nous verrons ce que donne ce personnage dans "Venom 2" j'imagine (ou "Carnage 1" nous verrons bien).


Il s'agit donc d'un accident de production assez massif. Mais je souligne le fait qu'elle reste cependant très regardable et finalement assez amusante de par sa maladresse. Je conseille étrangement ce film pour comprendre l'ampleur de l'échec. Je citerai en dernier défaut une durée trop courte (1h30 de film et 20 MINUTES de générique, le film ne dure donc pas réellement 1h50 comme annoncé).


A vous les studios de productions, apprenez de vos erreurs et ne nous sortez plus un produit aussi peu terminé. Merci d'avance.

Vladimir_Delmotte
3

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes La nuit au cinéma (depuis 2015) et FLOP 2018

Créée

le 16 oct. 2018

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