Le crédo des franchises hollywoodiennes est des plus simples : du moment que ça rapporte du fric, peu importe si ça sent bon ou si ça pue, tirez-en une suite.

Le premier film consacré à Venom schlinguait. Comme un rat crevé sous l’évier de la cuisine. Il a littéralement empuanti les salles de cinéma en 2018. Mais il a rapporté de la thune aussi. Beaucoup, beaucoup de thunes. Contre toute logique et tout bon goût. Un peu comme Batman Forever ou Suicide Squad en leur temps.

Du coup, pressé de concurrencer le MCU avec son spiderverse, Sony s’est dépêché de sortir une suite. C’est donc à peine trois ans après la sortie du premier que sortit ce Venom 2 : Let There Be Carnage, écrit, produit et chié à toute vitesse par les mêmes responsables que le premier opus. À la seule différence que cette fois, le tâcheron Ruben Fleischer (le prestigieux réalisateur des Zombieland) cédait cette fois son trône de réalisateur à Gollum. Et que celui-ci n’a de toute évidence, lui non plus, pas grand chose d’un grand cinéaste (ni d’un bon Alfred Pennyworth ceci dit en passant). Du coup, je suis bien content de ne pas m’être pressé pour voir cette daube.


Le plus contrariant dans tout ça, c’est Tom Hardy. L’acteur, autrefois excellent en Bane, Mad Max et Archie Salomon, conserve ici son poste de scénariste. Peut-être avez-vous remarqué, ces temps-ci il y a de plus en plus d’acteurs d’Hollywood qui se mettent au scénario de films et de comics (Keanu Reeves, Emilia Clarke, Paul Dano…). Tom Hardy n’est donc pas le seul. Et comme pour le premier film, il a l’imagination d’un gosse de dix ans et la technique d’un dilettante : intro expédiée, intrigue famélique, incohérences en veux-tu en voilà, raccourcis à foison, et surtout, surtout, cette putain d’autodérision qui détruit toute la viabilité de cette adaptation du comic.

Visiblement satisfait d’avoir trouvé un perso franchisé qui lui rapporte beaucoup de sous sans trop en faire, Hardy ne semble pas conscient qu’il a mal choisi son super-héros. Le Venom des comics n’a rien d’un bouffon volubile et capricieux, c’est un tueur carnassier greffé à un cancéreux névrosé.

Mais la fidélité aux comics, Hardy s’en fout. Il écrit et joue son personnage de victime de manière comique un peu comme Ben Stiller l’aurait fait. Car impossible de prendre cette histoire de symbiote alien trop au sérieux. L'acteur/scénariste/producteur passe donc l’essentiel du film à se disputer avec son parasite à grande gueule, fait de la cuisine à huit bras, dessine en avance rapide, bouffe des poules à défaut de vilains humains et engueule son alter-ego dans les chiottes. Son Venom, lui, est un bouffon numérique tellement omniprésent que ses apparitions en deviennent fatigantes. Plutôt que de le rendre iconique, le film nous en dégoûte. À côté de lui, le Venom incarné par Topher Grace dans le Spiderman 3 de Sam Raimi avait beau puer de la gueule, il était toujours plus flippant et fidèle au personnage créé par David Michelinie et Todd McFarlane.


Reste l’autre monstre du film, le méchant annoncé. On aurait pu espérer que ce deuxième opus soit un peu moins con que le premier vu la présence de Carnage.

Putain Carnage ! Le tueur en série transformé en créature de cauchemar. Le seul super-vilain à pouvoir foutre une branlée à Venom et Spiderman en un seul round. Jeune psychopathe dans le comic, Cletus Kasady est ici incarné par le sexagénaire Woody Harrelson, qui nous refait son numéro de psycho-lover de Tueurs nés, les burnes en moins, la moumoute en plus. À ses côtés, la talentueuse Naomie Harris cabotine dans un rôle indigne de son talent. Les deux forment une espèce de décalque du couple Joker/Harley Quinn appliqué à un film qui n’essaie même pas de les rendre intéressants. Leurs quelques massacres sont le prétexte d’un déluge de CGI filmés comme des cinématiques de jeu vidéo. On regarde toute cette bouillie visuelle mais on n’y pige rien. Lui, sapé en maquereau, tentacule dans tous les sens sans jamais tuer personne en plein cadre (au moins trente morts dans le film, pas une goutte de sang à l’écran, hormis celui de Kasady). Elle, brailleuse par vocation, hurle tellement fort qu’elle foutrait des complexes à Lara Fabian. Et puis tout à coup, à la fin, sans raison, elle se demande si elle et son chéri ne sont pas allés un peu trop loin dans la méchanceté. Sa seule présence dans le film n’est au final justifiée que dans son rôle dans la défaite de Carnage.

Quant à Stephen Graham, excellente comédien anglais, vu dans Snatch, Gangs of New York, Peaky Blinders et la très bonne mini-série Bodies, c’est à peine si on le remarque ici en policier hargneux, rendu sourd par la grande gueule de Naomie.


De facilités (l’évasion de Kasady) en raccourcis (le kidnapping de la chérie du héros), de gags débiles (le petit déj') en scènes inutiles (la rave party), l’intrigue s’achemine rapidement vers un final bordélique et sans envergure, entièrement conçu par les infographistes.

En bout de course, on se rend compte qu’on a passé tout le film à se retenir de vomir. Et l’on se pose la question : pourquoi persistent-ils à faire des films aussi mauvais ? Simplement parce que l’odeur du fumier rapporte, mon vieux. Ça rapporte.

Buddy_Noone
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le 7 juin 2024

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Buddy_Noone

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