Boxe et déchéance
Des films sur la boxe, et plus particulièrement, des films qui retracent l’histoire d’un boxeur, réel ou non, de leur apogée à leur descente aux enfers, il y en a à la pelle. Des emblématiques Rocky...
Par
le 17 nov. 2015
2 j'aime
Des films sur la boxe, et plus particulièrement, des films qui retracent l’histoire d’un boxeur, réel ou non, de leur apogée à leur descente aux enfers, il y en a à la pelle. Des emblématiques Rocky aux fresques biographiques à la Raging Bull, les exemples sont nombreux. Inspiré de l’histoire vraie du personnage éponyme, Victor Young Perez est un film qui, à l’image de la vie de son protagoniste, possède ses hauts et ses bas.
Victor Young Perez est un film des premières fois. Première fois que l’histoire de Victor Younki dit « Young Perez », champion du monde de boxe franco-tunisien qui connut son heure de gloire dans les années 30 avant d’être déporté dans les camps de concentration allemands durant la Seconde Guerre Mondiale est relatée au cinéma. C’est aussi la première au cinéma du réalisateur, Jacques Ouaniche, qui avait effectué ses premières armes derrière la caméra du côté de la télévision, notamment pour Maison Close, chez Canal +. Enfin, c’est la première expérience d’acteur de Brahim Asloum, double champion du monde et champion olympique, auteur d’une brillante carrière sportive ponctuée de seulement deux défaites en vingt-six combats.
Le film se montre très linéaire dans le traitement de la biographie de son héros. L’imaginaire de la figure du boxeur est connue des cinéphiles et des spectateurs ; Jacques Ouaniche ne s’en éloigne pas d’un seul pouce, comme pour se donner l’assurance de bien s’inscrire non plus dans le petit mais dans le grand écran. Il n’empêche que si les décors de la Tunisie puis de la France des années 30 sont plutôt réussis, le style reste encore trop télévisuel pour passer sans accroc sur les larges écrans des cinémas. La mise en scène, loin d’être mauvaise, n’est pas récompensée par une photographie plutôt terne et sans prise de risque, voire clairement à retravailler dans certains plans rapprochés qui ternissent grandement les instants de confession de Young Perez, déjà pas servis par des dialogues poussifs. Dans ce cadre, et de surcroît pour un premier rôle, difficile pour Brahim Asloum de briller. Le film rate donc complètement le coche en ce qui concerne son aspect dramatique, pour toutes les raisons que l’on vient de citer.
UN FILM NI VAINQUEUR, NI LOSER
Pourtant, il existe tout de même quelques raisons de s’enthousiasmer pour le film. Les scènes plus légères sont plus réussies, tant pour le réalisateur que pour Asloum, qui semble mieux assumer un rôle de jeune modeste poussé au beau milieu des lumières de la célébrité, dans un registre qu’il a lui-même connu au cours de sa vie. Plus celle-ci semble être connectée avec celle de Young Perez, plus le nouvel acteur semble être à l’aise. La parfaite illustration de cet état de fait est indéniablement les scènes de combat de boxe, qui apportent, elles, une réelle touche de nouveauté et une prise de risque au niveau technique. Au contraire du diktat informel qu’a posé Raging Bull, Jacques Ouaniche pose sa caméra loin du ring, et nous laisse mieux apprécier le jeu de jambe et la technique de Young Perez. De l’aveu du réalisateur, travailler avec Brahim Asloum était pour cela d’une grande aide, puisque toutes les prises ont pu être réalisées avec un minimum de caméras, ce qui renforce l’impression de fluidité mais aussi, l’impact et la puissance des coups.
Loin d’être un film médiocre, Victor Young Perez souffre surtout d’avoir voulu donner toutes les émotions à la fois, au détriment de la cohérence de l’ensemble. Le spectateur passe entre les scènes du divertissement sincère à l’agacement. Du coup, difficile d’évaluer de manière synthétique un film qui contient trop d’éléments contradictoires. Il ne faudra pas être trop exigeant ni trop dur, même si nous avons ce dérangeant sentiment que nous sommes ici davantage face à un téléfilm qu’à un film. Pour leurs prochains long-métrages respectifs, à Jacques Ouaniche de nous prouver qu’il saura mieux se détacher du petit écran, et à Brahim Asloum d’exploiter ce virage artistique sur un film plus costaud.
Créée
le 17 nov. 2015
Critique lue 1.1K fois
2 j'aime
D'autres avis sur Victor Young Perez
Des films sur la boxe, et plus particulièrement, des films qui retracent l’histoire d’un boxeur, réel ou non, de leur apogée à leur descente aux enfers, il y en a à la pelle. Des emblématiques Rocky...
Par
le 17 nov. 2015
2 j'aime
Un film passé totalement inaperçu, c'est dommage. Le tout jeune Victor « Young » Perez à grandi à Tunis, il remporte son premier combat professionnel, monte à Paris et y grimpe les échelons, à l’aide...
Par
le 10 juin 2014
1 j'aime
Grossier et mal joué mais scènes de boxe incroyables. Merci Brahim Asloum.
Par
le 7 oct. 2022
Du même critique
15 ans. Il aura fallu 15 ans pour que le légendaire, le mythique La Tour Montparnasse Infernale connaisse sa suite sur grand écran. 15, soit deux fois l’âge mental cumulé des personnages créés par...
Par
le 15 janv. 2016
27 j'aime
1
Après Batman VS Superman, d'autres héros se foutent sur la gueule : ceux de Marvel. En fine bête vulgaire qu'elle est, la maison de Stan Lee dégomme tout au centuple. Résultat ? Rien. L'univers...
Par
le 14 avr. 2016
25 j'aime
16
Voilà maintenant plusieurs mois que Kanye West nous fait tourner en bourrique avec son dernier album. D’abord So Help Me God, puis Waves, ensuite Swish jusqu’à ce que The Life Of Pablo soit la...
Par
le 15 févr. 2016
23 j'aime
1