Les Petits et l'Ecran

Video Dead est un petit film d'horreur sorti en vidéo vers la fin des années 80 et il reste à ce jour le seul et unique film de Robert Scott devenu depuis assistant réalisateur pour le cinéma et la télévision. Un film à maigre budget tourné durant près d'un an à compter de plusieurs week-end afin de mettre en image cette singulière histoire de zombies. Si le réalisateur et scénariste aura du faire de très nombreux sacrifices en raison du manque de budget et qu'il ira plus tard jusqu'à refuser de faire une suite faute de moyens supplémentaires, on est assez loin de se dire après avoir vu Video Dead que c'est une perte inestimable pour le genre. Le film de Robert Scott, même bourré de bonnes intentions, est assez catastrophique dans son écriture évasive et pleine de trous et dans une mise en scène très amatrice.

Video Dead c'est donc l'histoire d'un poste de télévision maudit dont sortent les morts vivants d'un vieux films en noir et blanc intitulé Zombie Blood Nightmare et occasionnellement d'autres créatures (on ne va pas commencer à chipoter sur la cohérence du scénario). Ce poste maudit est livré par erreur à un homme qui se fait par la suite assassiner. Plusieurs mois plus tard un frère et une sœur viennent s’installer dans la maison achetée par leurs parents afin de préparer leur future venue. Le poste de télévision toujours présent au grenier reprend du service et les zombies se remettent à l'ouvrage tandis qu'un mystérieux type tente de les arrêter tout en récupérant le poste maudit.

Video Dead est un film qui transpire un profond amateurisme et même si ce n'est pas forcément un défaut en soit ça reste au vu du résultat ce qui imprègne le plus et de façon négative le film. Si globalement les effets spéciaux et maquillages font plutôt le boulot dans la limite de leur maigre budget c'est bien plus sur la tenue visuelle du film, sur la cohérence d'écriture, sur la direction d'acteurs, sur le montage et sur les choix de mise en scène que Vidéo Dead reste enlisé dans les pire défauts d'un mauvais film. Et même si j'ai toujours une certaine tendresse pour les films fauchés, celui ci reste uniquement réservé aux plus masos des cinéphages. Pourtant le film est aussi porteur de quelques bonnes idées, pas forcément criantes et réussies à la vue du résultat, mais présente dans les intentions globales du film. Il y-a notamment chez Robert Scott une volonté d'apporter quelques idées nouvelles à la mythologie du zombie et surtout d'en faire des personnages à part entière avec des personnalités différentes plutôt qu'une masse informe de morts vivants. Si faute de moyens le nombres de zombies à l'écran s'est retrouvé diminué de deux tiers, le réalisateur a voulu donner à chaque mort vivant un background que seul les comédiens concernés devaient connaître. Du coup on voit bien que le film tente d'offrir des morts vivants avec différentes personnalités mais c'est loin d'être convaincant et compréhensible immédiatement quand on regarde le film. Concernant la mythologie de ces morts vivants, c'est clairement du grand n'importe quoi qui ne cesse de se contredire au fil du récit mais au moins Robert Scott aura tenté des trucs. On nous explique notamment que ces zombies sont persuadés d’être encore vivants et que du coup quand on les tue de n'importe laquelle des manières ils sont persuadés d'être morts et se laisse pourrir au sol. Mais bon, l'information n'est visiblement pas passé pour tous et si certains s’écroulent avec quelques flèches dans le corps d'autres continue de marcher avec un fer à repasser enfoncer dans le crâne. Comme ils n'aiment pas vraiment se rendre compte qu'ils sont morts il faut aussi placer des miroirs qui les font fuir, mais une fois encore cette idée n’est jamais pleinement exploitée. Autre petit truc amusant c'est que l'on nous explique que les morts vivants n'attaquent qui si ils sentent que l'on a peur d'eux, du coup l'héroïne du film va finir par les inviter avec un large sourire un peu niais à venir bouffer à la maison comme si ils étaient ses potes.

Le film est clairement orienté vers la comédie même si l'on devine que c'est peut être plus par nécessite que par choix. C'est rarement très drôle mais c'est parfois plutôt amusant comme lorsque un zombie surgit d'une machine à laver comme un diable de sa boîte et qu'avec la complicité d'un autre ils mettent leur victime dans le tambour du lave linge et la regarde tourner en ricanant comme des débiles. Pour le reste on sourira plus souvent des maladresses du film lui même que de son humour assez poussif à l'image de quelques dialogues surréalistes de conneries. Techniquement le film est d'une grande pauvreté, l'image est très lisse et anonyme, le découpage assez catastrophique, le montage poussif et l'on sent que la direction d'acteur n'a pas du trop s'embarrasser à faire plusieurs prises... Si les morts vivants sont très convaincant en noir et blanc, ils perdent beaucoup de leur superbe en couleurs à l'image de celui qui ressemble vaguement à David Bowie mais en version tout bleu comme un vieux Schtroumpf délavé (C'est en cherchant sur internet que j'ai appris que pour Robert Scott le personnage était un séducteur qui était mort noyé). Niveau gore le film reste assez cheap mais nous propose tout de même quelques scènes réjouissantes comme un mort vivant coupé en deux à la tronçonneuse avec des rongeurs qui se baladent dans les tripailles fumantes, ce qui objectivement fait son petit effet ragoutant. L'ensemble du casting ne passera guère à la postérité puisque pour tous ou presque ce sera à la fois leur premier et tout dernier film à part Michael St Mlichaels dont c'est la première apparition au cinéma et que l'on retrouvera notamment dans The Greasy Strangler de Jim Hoking.

Malgré les meilleures intentions du monde il faut bien constater que Vidéo Dead est tout de même assez mauvais, même si remis dans la perspective de son maigre budget et de la foi de son réalisateur envers son projet je resterai des plus magnanime. La plus belle réussite du film reste assurément sa magnifique affiche d'exploitation vidéo qui se trouve ICI.