A cette époque, le cinéma allemand était le plus sérieux concurrent d'Hollywood. La preuve en est avec cette comédie musicale copiant un instant le style du chorégraphe Busby Berkeley très à la mode à ce moment dans un de ses numéros et imitant parfaitement le style de la screwball comedy américaine. Mais il y a plus que cela dans "Viktor und Viktoria", il ne faudrait pas n'y voir qu'une copie d'Hollywood. La rigueur allemande est perceptible dans une mise en scène et un montage millimétré et chronométré au quart de seconde, non sans humour. Dès les premières secondes du film, on entend le chant d'une cantatrice d'opéra calé sur l'image d'une comédienne la bouche ouverte, avant que celle-ci se trahisse en mettant la main sur la bouche signifiant le baillement. Le sujet est donné. A partir de ce moment la suite du film ne sera plus qu'un torrent de quiproquos et de faux semblants.
Le film fut un énorme succès international, dont il existe une version tournée en français sous le nom de "George et Georgette" et de nombreux remake tournée dans les années qui suivirent jusqu'à celui de Blake Edwards en 1982. Ce film traitant ouvertement d'homosexualité sera un des derniers fleurons de l'Allemagne délurée des années folles que Bob Fosse dépeindra dans son film "Cabaret" avant qu'un petit moustachu ne mette fin à tout cela quelques années après.