Villmark en 2003 avait lancé la mode des films de genre en Norvège. Oui, le film était plutôt fauché, il ne se passait pas grand-chose, les personnages étaient un peu stupides, mais il bénéficiait malgré tout d’une ambiance particulière, aidée par de superbes décors naturels. 12 ans après, et après une grande vague de cinéma de genre (les Cold Prey, Manhunt et compagnie), voilà que Pål Øie, le réalisateur du premier film, se décide à nous balancer une suite. Enfin, suite, c’est vite dit, puisqu’au final, Villmark 2, connu aussi sous le nom de Dark Woods 2, n’est pas franchement une suite. La forêt laisse place à un sanatorium délabré, les personnages sont tous nouveaux. Les rares liens avec le premier film sont artificiels (un hélicoptère qui survole la tente près du lac du premier film), et les ressemblances sont plutôt à voir au niveau de la structure du récit. Oui, après une bande de journalistes, on a une bande d’ouvriers, ils découvriront également un cadavre, et tout va mal se passer car ils décident de ne pas appeler la police. Voilà, c’est tout. Inutile donc d’avoir vu le premier film pour voir le second, les deux n’ont rien à voir. Vous noterez également en passant l’astuce scénaristique pour ne pas appeler à l’aide. Au lieu de la classique panne de réseau, voilà que ce sont les personnages eux-mêmes qui décident de ne pas appeler la police car ils ont besoin de ce travail. Mouais…
En tout cas, une chose est sûre, dés les premières minutes, on comprend que ce second film a un budget bien plus confortable. Oui, c’est très pro visuellement, on a quelques beaux mouvements de caméra, l’éclairage est souvent sublime. Mais une technique affutée ne fait pas tout lorsque le reste coince. Car oui, Villmark 2 coince par certains aspects. Pas mal d’aspects en fait. Déjà, les personnages et le scénario. On sait bien que l’on ne demande jamais le top du top d’un simple film de genre, mais un minimum serait pas mal. Les personnages sembles la plupart du temps prendre des réactions stupides (pas que pour le coup du téléphone hein). Le scénario quand à lui reste dans le classique, avec un sanatorium abandonné qui cache des secrets lointains mais toujours prêts à refaire surface. Classique mais pouvant être diablement efficace. Car les décors ont de la gueule, on y croit, et l’éclairage met parfaitement en valeur tout cela. Le problème, c’est que le scénario met pas mal d’idées en avant qui pourraient être bonnes, mais n’en développe aucune jusqu’au bout, donnant une impression souvent de gâchis. Un élément vient donc souvent en remplacer un autre, et ainsi de suite. Parfois un manque d’explication peut être très efficace, et parfois, et bien, cela fait un gros manque.
C’est le cas dans ce Villmark 2. Pour autant, on pourra dire que le film, à défaut d’être original et très recherché, parvient à être plutôt rythmé et à nous donner ce que l’on peut attendre de lui. Oui, on aura un peu de sang, des meurtres, quelques déambulations dans des couloirs vides où le moindre son peut signifier la mort. Mieux, la mignonne Renate Reinsve nous gratifiera même d’un plan nu totalement gratuit qui fait plaisir aux yeux. Plus le film avance et plus les clins d’œil au premier film seront d’ailleurs nombreux, avec quelques scènes purement reprises du premier film (le personnage tombant dans un piège avec des pics, mais y échappant de justesse). Du coup Villmark 2 a clairement le cul entre deux chaises, livrant ce que l’on attend d’un film de genre, mais sans jamais vraiment chercher à surprendre. Le résultat final reste donc tout à fait regardable, et se fait même plus rythmé et généreux que le premier film, mais largement dispensable. Seule chose pouvant surprendre, certains effets de montage entre les scènes, totalement space et parfois à côté de la plaque, comme si le réalisateur expérimentait un peu tout ce qui lui passait par la tête, sans être certain d’avoir l’effet désiré.