Adaptation cinématographique d'un roman de Jules Verne : acte 2. C'est le britannique Stuart Paton qui pour le compte du cinéma américain s'attaque à un gros morceau, et le mec s'en sort admirablement bien. Déjà, le format long-métrage indispensable pour transposer cette œuvre fleuve permet de développer beaucoup plus de choses ; d'autre part, Paton, va faire deux adaptations pour le prix d'une. Celle dont le métrage porte le nom, mais aussi L'île Mystérieuse, considéré comme la suite du roman marin.
Pour ce qui est de 20 000 lieues sous les Mers, on retrouve les grandes lignes. Le Professeur Aronnax embarque à bord du Abraham Lincoln avec son assistant Conseil, et au passage, sa fille, rajoutée pour une simple présence féminine vu qu'elle n'apporte que dalle à l'intrigue. Il sympathise avec Ned Land, tombe sur le Nautilus, se retrouve à la flotte et se fait accueillir par le misanthrope capitaine. S'ensuit divers passages majeurs de l'histoire, avec ses voyages pleins de découvertes scientifiques, ses explorations sous-marines véritables, une première au cinéma à l'époque, que l'on doit à la création des frères Williamson, donnant des scènes au milieu des requins (et il fallait en avoir des couilles pour le faire, les squales n'étant pas d'inoffensifs CGI), mais aussi le duel épique avec une pieuvre artificiel celle-là (mais là aussi première représentation de cette bestiole marine au cinoche, décidément).
La trame des naufragés sur l'île (mystérieuse !) vient s'incruster régulièrement entre deux séquences Nautilus, avant que les deux histoires se recoupent, offrant des révélations plus qu’intéressantes sur Némo, là ou le roman laissait planer le mystère. Résultat, un film complet avec un vrai final, l'ensemble se regardant avec un vrai plaisir pour peu qu'on arrive à s’accommoder de la qualité d'image d’époque, et de l'absence des voix, 1916 oblige. Mais malgré son bon centenaire, les SFX à base de superpositions de plans et de maquettes s'en sortent bien en comparaison de ce qui a pu se faire des années plus tard. Hormis la pieuvre, qui pour le coup est le point faible des trucages.
Sinon, la version que j'ai visionné s’est vu affublé d'une bande-son assez désagréable à base de clavecin jouant dans les aigus, et c’est les mêmes morceaux qui s'enchainent en boucle, donc j'ai fini par vite couper le son. En tout cas, le film montre une ambition certaine, novateur sur plusieurs points dont ceux que j'ai cité, du grand spectacle d'antan. Mes souvenirs de la version de Richard Fleischer (1954) sont un peu flous, mais j'aurais presque une préférence pour la mouture de Paton.