Le nouveau film de Martin Provost nous raconte Violette Leduc, un auteur qui m'était inconnu mais qui eut un certain succès dans les années soixante grâce au soutien sans réserve de Simone de Beauvoir qui crut en elle au long cours dès leur première rencontre au lendemain de l'occupation allemande. Le film a la bonne idée de ne pas faire un récit biographique stricto sensu, autrement dit de ne pas raconter la vie de Violette Leduc par le menu, de sa naissance à sa mort, mais de se concentrer sur sa période de galère en tant qu'écrivain qui dura une vingtaine d'années. Simone de Beauvoir l'apprécia aussi bien pour la beauté de sa plume que pour ses thèmes autobiographiques jetés sur le papier qui seront autant de témoignages en faveur de l'émancipation des femmes, sujet cher à son coeur.
Aussi intéressant soit-il, et il l'est, le film reste assez didactique quand bien même il tire le portrait d'un personnage assez torturé sous une forme assez romancée. L'accent est mis sur son parcours semé d'embûches, sur ses souffrances, son impression d'être perpétuellement rejetée pour son physique et ses complexes de n'avoir jamais été reconnue par son père (son autobiographie romanesque 'La batârde' est son plus grand succès). Malgré tout ça, il est difficile de se passionner complètement pour le destin d'un auteur qui titille la curiosité surtout à cause de ses fréquentations du monde littéraire de l'époque (Jean Genêt, Albert Camus, etc...). Le film, bien réalisé et fort beau en terme de photographie, n'égale pas en terme d'émotion dramatique le poignant et coloré "Séraphine" du même réalisateur. Emmanuelle Devos (Leduc) et Sandrine Kiberlain (de Beauvoir) sont en revanche impeccables, comme d'habitude.