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Au festival d ciné regards africains, je n'ai pu assister qu'à la projection d'un film mozambicain, rare occasion d'entendre parler de ce pays. Le Mozambique, indépendant de l'emprise coloniale Portugaise en 1975, a souffert d'une violente guerre civile entre 1976 et 1992, ayant provoqué près d'un million de morts. Il semble avoir trouvé une certaine stabilité avec une croissance élevée mais qui reste, comme l'écrit Patricia Huon, dans Libération du 17 octobre «un fragile eldorado».<--break->
C'est donc une première que le festival Afrique sur Bièvre a eu la bonne idée de présenter au public de L'Hay les Roses, avec le film de Licinio Azevedo, Virgem Margarida.
Il nous raconte l'histoire des jeunes filles de la ville, qui poursuivaient au lendemain de l'indépendance le même style de vie nocturne dans la grande ville, des prostituées et des danseuses de cabaret.
Ces jeunes filles sont "recueillies" par les militaires, une sorte de rafle et conduites au nord du Mozambique, dans un camp militaire de la brousse, avec l'objectif d'y être rééduquées. Encadrées par des soldats qui ont participé à la lutte armée contre l'occupant coloniale, sous les ordres d'une camarade-commandante qui avait pris une part active à la guérilla, comme ce fut le cas de beaucoup de femmes militantes du Front de Libération (FRELIMO).
Au lendemain de l'indépendance, les nouvelles autorités, dans leur projet de construire un état indépendant socialiste, décident de "créer un homme nouveau" et pour cela ouvrent des camps de rééducation. La femme nouvelle y a aussi sa part, et ce sont des combattants et combattantes de l'indépendance qui seront chargés de cette mission sur un des lieux qui a servi de base aux guérilleros.
La camarade-commandante, Maria Joâo, qui rêvait de se poser, fonder un foyer, se marier, et avoir des enfants pour le nouveau pays, se voit obligée d'accueillir ces jeunes femmes, des les encadrer et de les éduquer. Ce qu'elle va faire de la pire manière, utilisant des méthodes militaires pour mettre sur le bon chemin ces filles de mauvaise vie.
Nous suivrons plus particulièrement le parcours de quatre jeunes qui dans la masse sont le fil conducteur de la «foi révolutionnaire» de Maria Joâo. Pédagogie sous le seau du bâton, de l'agressivité, de la dénonciation, de la torture et de la punition pour l'exemple. C'est un peu à la manière d'une "Pol Pote" à échelle réduite.. Dans ce groupe de quatre jeunes, deux prostituées, une danseuse mère de deux jeunes et une très jeune paysanne, Margarida, prise dans la rafle parce que sans papiers. Elle, qui n'a jamais «vu d'homme», arrêtée au moment où elle allait acheter avec sa tante, sa robe de future mariée.
Margarida ne cessera pas de crier son innocence, sans résultat, jusqu'à ce que la solidarité des autres prisonnières finisse par imposer la reconnaissance de l'erreur commise en l'enfermant dans ce camp. Et c'est finalement, autour de cette injustice, que ces jeunes femmes qui ont débroussaillé, labouré la terre, fait pousser des plantes, ouvert des routes, vont se mobiliser et se révolter.
La plupart des acteurs-actrices ce sont des jeunes de Maputo et les quatre jeunes, incarcérées en plein air, jouent fort bien leur rôle très exigent. La direction d'acteurs étant très juste dans leurs différences et leur enjeu commun. Remarquable aussi l'interprétation de la camarade-commandant usant de sa forte voix pour bien différencier le discours idéologique et les "aboiements" de l'autorité disciplinaire. Signalons un montage qui situe avec finesse les divers temps, en rendant bien le contexte de leurs "activités" avant et après la rafle.
Ce film qui retrace l’engagement d'un État qui veut l'émancipation des femmes, la création d'une femme-nouvelle, pourrait paradoxalement être présenté lors de la journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes, du 25 novembre. Ce qui nous est montré souligne la violence-éducative conclue par la violence-mâle du camarade-commandant, séducteur-violeur dans l'exercice de ses fonctions, qui fait «pire que le colon» dira une des jeunes prostituées, Rosa, en voie de rédemption! Sans oublier la violence-sociale de la condition de vie qui les a lancé dans le commerce de leurs corps.
http://blogs.mediapart.fr/blog/arthur-porto/011214/au-mozambique-margarida-la-vierge
ArthurPorto
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le 1 déc. 2014

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