J'avais beaucoup aimé Marie-Antoinette de Sofia Coppola, j'ai regardé sur Arte, Virgin Suicides, son premier film qui date de 1999, véritable réussite s'il en est.
De superbes images pour illustrer cette période des années 1970, et surtout ce passage à l'âge adulte qui se fait le plus souvent dans la douleur.
Elles étaient cinq filles ravissantes, mais déjà la plus jeune, Cecilia, âgée de 13 ans, connaissait ce mal de vivre et cette souffrance qui conduit à la mort.
Il en resta quatre, qui avaient envie de vivre, de rire et d'aimer.
C'est au travers de ces beautés blondes et languides aux regards et aux silences lourds de sens que Sofia Coppola nous livre sa propre vision, nous fait sentir cette rage de vivre, cette envie de plaisir(s) muselés par l'égoïsme frileux d'une mère qui choisit d'enfermer ses filles à jamais, les étouffant dans la prison dorée du carcan familial.
On retiendra le personnage de Lux, nom prédestiné semble t-il, joué par la diaphane Kirsten Dunst, la seule qui ose braver l'interdiction, retrouvant momentanément la lumière de la vie et l'éblouissement de l'amour avec Trip, nonchalant lycéen à la dégaine élégante : Josh Hartnett, irrésistible dandy au regard félin pour qui toutes les filles ont les yeux de Lux, laquelle va finalement se retrouver isolée, parquée dans une obscurité qu'elle refuse, lui préférant la nuit totale.
Un film magnifique, beau et douloureux, que rythme, aérien et magique le superbe Playground Love et qui exprime mieux que tout autre ce mal-être, véritable tsunami du corps et de l'esprit, frêle passerelle jetée entre l'enfance et l'âge adulte, qu'on appelle adolescence.