Vital
6.9
Vital

Film de Shinya Tsukamoto (2004)

L'amour est plus froid que la mort

Et voici mon deuxième Tsukamoto, et je me demande ce qu'il s'est passé dans les 15 années séparant Tetsuo de Vital. Non pas que Vital soit nul mais je l'ai trouvé étrangement sage par rapport au premier long du réalisateur nippon qui était un film aussi loufoque que survitaminé et créatif. Vital nous emmène plus sobrement dans un drame intéressant. Pas de gros délires visuels, ni de perceuses qui servent d'organes génitaux (comprenne qui pourra), ici au contraire on a le droit à quelque chose de simple et beau. J'ai globalement aimé cette mise en scène qui appuyait cette atmosphère froide et clinique dans des décors peu accueillants. La photographie légèrement trafiquée par un filtre appuie également cette ambiance bien que je ne sois pas fan du procédé mais quelques part ce n'est pas un reproche majeur, ce n'est pas comme si le film ne se contentait que de ça pour créer une atmosphère sombre (coucou David Yates).

Vital est un film bien mélancolique. Tsukamoto aborde frontalement le thème de la mort et tout ce qui l'entoure. Le deuil, les regrets, la culpabilité... Le film a une réelle profondeur et s'interroge sobrement sur ces sujets, à travers l'errance d'Hiroshi, étudiant en quête de ses souvenirs perdus. Puis une fois encore, j'aime la sobriété avec laquelle le sujet est traité. On évite les traditionnels "Dieu l'a rappelé à lui" comme on peut en voir dans grand nombre de nunucheries pour ménagères ménopausées (quoi on entend ça aussi dans The Tree of Life? Ouais mais bon on s'en fout, Malick c'est le bien). Le personnage principal vadrouillera dans ses rêves, ses lambeaux de souvenirs, le film est assez troublant, on ne sait jamais sur quel pied danser, on ne sait pas si ces passages où Hiroshi retrouve sa bien-aimée sont passés, rêvés ou tout simplement le fruit d'un fantasme du protagoniste principal. Un personnage qui semblera retrouver goût à la vie au fur et à mesure de sa "reconstruction". Asano campe admirablement ce personnage distant mais très humain au fond. Globalement l'interprétation reste de qualité. J'ai aimé ce film, ses séquences oniriques, ses trouvailles visuelles et ses thématiques abordées avec pudeur et idées. Une belle découverte. Et la scène finale est magnifique.
Moorhuhn
7
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le 9 juil. 2013

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