Le principal atout de Viva Riva ! est sa nationalité. Le continent africain demeure le parent très pauvre de la cinématographie planétaire, et à l'intérieur du continent certains pays sont encore plus mal lotis. Donc un film provenant du Congo avait tout pour séduire et attirer l'attention. Hélas, à l'arrivée, l'impression est mitigée face à cet amoncellement de clichés et de violence qui ne permet jamais de distinguer Viva Riva ! d'un quelconque film de gangsters sanguinaires. Bien pire, l'image qui en est véhiculée, aussi bien du sauvage africain sanguinaire que de la femme violentée et malmenée sexuellement, finit par créer le malaise et par amener à se poser des questions sur les intentions réelles du réalisateur Djo Tunda Wa Munga.

Cette vision d'une ville gangrénée par la corruption et les trafics, où cohabitent la richesse ostentatoire et la misère la plus noire, si bien sûr elle est le reflet de la réalité, souffre ici d'une absence de perspective et de recul. En fait, le film développe trop une approche folklorique et carte postale qui échoue à restituer l'atmosphère délétère et excessivement violente de la capitale. Ainsi le cinéaste se montre t-il par endroits trop complaisant à filmer sur la durée des scènes torrides de baise – et de préférence dans les bordels mal famés de la périphérie – et les débordements sanglants des gangs qui s'affrontent. Et par la même occasion il ne se consacre pas assez à la captation de la moiteur et de la sensualité de la ville, qui ne traversent pas vraiment l'écran. Adoptant les mauvais tics des clips de rap et ne trouvant pas la bonne distance avec une histoire au scénario plutôt mince et convenu, le congolais Djo Tunda Wa Munga donne au final à voir un long-métrage bien peu original, à l'interprétation fausse et outrée, et ne parvient pas à s'extirper des fantasmes et des lieux communs associés à la métropole qu'il met en scène. Il y a pour en terminer une démarche qui ressort trop racoleuse et flatteuse à destination d' un public occidental à qui sont offertes en pâture de jolies filles pas farouches et bien chaudes convoitées par des lascars forts en gueule et en muscles, à la gâchette facile. Tristement anecdotique et bêtement sans identité ni reliefs.
PatrickBraganti
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le 20 avr. 2012

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