Deux frères, d'origine algérienne. Paul est agrégé de lettres, a fait sa thèse sur Moby Dick, mais ne trouve pas de boulot, à cause de son nom, Smaïl, et de son tréma qui le ramène à des origines dont ses potentiels employeurs ne veulent pas entrendre parler. Du coup, alors qu'il est promis à une belle carrière en entreprise, il devient, en attendant, livreur de pizzas, dans la pizzeria où livre aussi son frère Daniel. Daniel ne fait pas que livrer des pizzas, il boxe, il danse nu à Pigalle dans des sex-shops et il fait du culturisme, se dopant aux stéroïdes et aux anabolisants pour sculpter son corps tout en le détruisant de l'intérieur. Paul rencontre une jeune femme, qui prépare son agreg sur l'amour courtois, et qui en même temps est supportrice du FC Lens. Il devient veilleur de nuit dans un hôtel modeste. Le père des garçons meurt, laissant leur mère pleine de tristesse. Daniel fait de fréquents séjours en hopital à cause de tout ce qu'il se met dans le corps. Et puis un jour il fera le séjour de trop. Le film ne raconte pas grand chose d'autre que ça, mais c'est déjà beaucoup, il suit la vie de ces trois jeunes gens avec beaucoup de mélancolie, dans un style qui rappelle parfois celui des premiers Tavernier (et pas qu'à cause de la musique de Louis Sclavis), mais en plus libre, est plein de non-dits, de touches impressionnistes. Il montre Paris et l'époque (le début des années 2000) avec un réalisme empreint d'une légère tristesse qui est assez belle, très touchante. Sinapi a très peu tourné, 3 films au compteur. Plus personne n'évoque le nom de ce cinéaste alors que ce film mériterait qu'on en parle.