Sept années après son dernier long-métrage Prendre le large, l'acteur et réalisateur Gaël Morel, révélé par André Téchiné dans les Roseaux Sauvages, nous offre ici une vraie pépite de cinéma, empreinte de beauté, d'esthétisme et d'incandescence autour de ce magnifique triangle amoureux, 1 femme et 2 hommes, percuté par le sida, et que l'on suit avec attachement et émotion pendant toute la décennie 90, celle qui connaîtra, après l'AZT, les premiers traitements efficaces de trithérapie de cette maladie effroyable jusque là pour les homosexuels. Mais si le film aborde ces sujets, il le fait sans pathos, et en constitue avec force le révélateur de relations humaines vraies et puissantes entre 3 jeunes à l'aube de leur vie d'adulte.

Ainsi la jeune Emma (incarnée par une étonnante et sensible Lou Lampros), connaît le penchant homosexuel de son compagnon Sammy (joué de manière tellement vraie par Théo Christine), qu'elle tolère plus ou moins bien pour ne pas le perdre; mais quand ils s'installent avec leur jeune fils Nathan de 3 ans, ils font la connaissance de Cyril, ce passionné de photographie, homosexuel et séropositif, leur vie va basculer dans la grande sinusoïde de l'amour, de la souffrance et de l'espoir : rarement un titre de film raconte ainsi en synthèse son scénario, avec une telle dynamique de grand 8 dans laquelle le spectateur se laisse emmener avec une intensité et une tendresse réelles pour ces 3 personnages qui s'aiment deux à deux de manière si différente, d'autant que le réalisateur sait très bien faire évoluer leurs relations au fur et à mesure des événements heureux, dramatiques puis de renaissance inattendue, en nous faisant connaître une très large palette de sentiments humains !

Cyril, le photographe dont les œuvres embellissent le film, n'est autre que Victor Belmondo, qui atteint dans ce film une maturité d'acteur sur lequel il faudra désormais compter dans le cinéma français, se faisant un nom indépendamment de celui son grand-père !

Ici Victor, c'est l'expression naturelle, celle de la vérité et de la profondeur des relations, des sentiments, même ambivalents, et des dialogues avec ses deux comparses comme s'il avait toujours fait ça, chapeau.

On sent que les 3 acteurs principaux se sont bien entendus et ont eu un plaisir fou à faire ce film.

Au delà des relations humaines, tout est beau dans ce film, même dans le désarroi : la photographie bien sûr, grâce au génie de Cyril, boosté par la précarité de sa maladie, la très belle musique et les paysages de bord de mer en Italie particulièrement bien filmés. Ajoutons que l'affiche du film montre parfaitement l'ambiance du film, la réussite va jusque là...

Avec ce film, la citation de Dostoïevski, dans l'Idiot, "la beauté sauvera le monde", expression chère à une amie qui promeut la culture sous toutes ses formes, prend tout son sens et y contribue !

Un film à voir absolument pour un excellent moment de vrai cinéma !

Azur-Uno
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le 30 sept. 2024

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Azur-Uno

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