Deuxième long métrage de Laura Gemser sous la direction de Joe D'Amato, après un premier rôle secondaire la même année dans la comédie Vœu de chasteté, d'après un scénario de son complice Luigi Montefiori (George Eastman), avec Jacques Dufilho en grand-père lubrique, Voluptueuse Laura s'inscrit dans le début du cycle érotique 70's du réalisateur, après un déjà fort remarqué Emmanuelle et Françoise l'année précédente coécrit par Bruno Mattei. De cette avant-dernière collaboration entre D'Amato et le futur réalisateur de Virus Cannibale, qui signe cette fois-ci le montage, le film remplit à première vue les attentes d'un public bisseux érotomane chauffé à blanc par la présence de la belle Eve noire native de Surabaya. Or c'était mal connaitre la capacité de nuisance de D'Amato, cette Voluptueuse Laura confirmant un peu plus son goût pour le malsain.


Sur les traces d'Emmanuelle et Françoise, le film se distingue dès lors du simple produit softcore par son atmosphère malséante sibylline et la vision pessimiste du cinéaste envers la gent masculine. Produit par la paire Alexander Hacohen et Harry Alan Towers (non crédité), déjà responsable de la fidèle adaptation du classique de Bram Stocker sous la direction de Jess Franco, Les nuits de Dracula, ce long métrage aurait pu, par certains aspects, être également mis en scène par le sadien cinéaste madrilène du fait de son climat ambigu et incestueux, son lesbianisme libertaire et de ses quelques scènes choc. Mieux, grand pourvoyeur d'images prêtes à satisfaire le besoin de voyeurisme du spectateur, D'Amato recycle les recettes éprouvées du Mondo, avec en guise d'amuse-bouche craspec un serpent fraichement préparé et dégusté par Laura Gemser et sa partenaire blonde Michele Starck, sans oublier de nous faire découvrir le Hong Kong insolite et les habituelles scènes sexy, du salon de massage au club privé lesbien.


Romance saphique contrariée par de funestes desseins masculins, des pulsions homicides de Jules, interprété par Gabriele Tinti, au jeu trouble de Judas, joué par un, une fois n'est pas coutume, sobre Jack Palance alors en pleine période italienne (il tourna l'année précédente avec Joan Collins le western Il richiamo del lupo produit par Alexander Hacohen), Voluptueuse Laura se signale enfin par la photographie soignée d'Aristide Massaccesi/Joe D'Amato.


En attendant la même année, Black Emanuelle en Orient, second volet de la série et premier épisode réalisé par Joe D'Amato.


http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2019/01/voluptueuse-laura-eva-nera-joe-damato.html

Claire-Magenta
7
Écrit par

Créée

le 12 avr. 2019

Critique lue 662 fois

2 j'aime

Claire Magenta

Écrit par

Critique lue 662 fois

2

Du même critique

Low
Claire-Magenta
10

En direct de RCA

— Si nous sommes réunis aujourd’hui messieurs, c’est pour répondre à une question, non moins cruciale, tout du moins déterminante quant à la crédibilité de notre établissement: comment va -t-on...

le 7 mai 2014

20 j'aime

8

Sextant
Claire-Magenta
9

Critique de Sextant par Claire Magenta

La règle générale voudrait qu'un artiste nouvellement signé sur un label, une major qui plus est, n'enregistre pas en guise de premier disque contractuel son album le plus expérimental. C'est...

le 28 juil. 2014

18 j'aime

Y aura t-il de la neige à Noël ?
Claire-Magenta
8

Critique de Y aura t-il de la neige à Noël ? par Claire Magenta

Prix Louis Delluc 1996, le premier film de Sandrine Veysset, Y'aura t'il de la neige à Noël ?, fit figure d'OFNI lors de sa sortie en décembre de la même année. Produit par Humbert Balsan, ce long...

le 19 déc. 2015

16 j'aime

1