Belle exemple de bidouillage opportuniste à la sauce série B , Voyage to the Planet of Prehistoric Women est la seconde exploitation en salle du film russe La Planète des Tempêtes racheté par la firme American International Picture au début des années 60. Chapeauté par Roger Corman le film original est une première fois charcuté, coupé, remonté, redoublé et agrémenté de scènes supplémentaires en 1962 pour sortir sous le titre de Voyage to the Prehistoric Planet. En 1968 rebelote et Roger Corman nous refourgue quasiment le même film qu'en 1962 mais ajoutant de la gonzesse pour que le film devienne cette fois ci Voyage to the Planet of Prehistoric Women. C'est Peter Bogdanovich (Sous le pseudo de Derek Thomas) qui tourne quinze minutes supplémentaires avec des bimbos et se charge de la voix off omniprésente pour faire tenir l'ensemble et changer un petit peu l'histoire (on passe de la Lune à Vénus) afin que les spectateurs gardent le sentiment de voir un nouveau film.


Voyage to the Planet of Prehistoric Women nous raconte (enfin pour ce qui reste compréhensible) l'histoire de trois astronautes qui partent pour Venus afin de retrouver une expédition précédente perdue sur la planète. Sur place il découvre une planète avec d'étranges créatures et une étrange mélodie comme celle des sirènes de la mythologie semble les appeler.


Quand on connaît son cheminement de production, de construction et de mise en scène on comprend mieux cette sensation d'assister à un patchwork décousue de séquences collées ensemble dans un édifice scénaristique vraiment branlant et précaire. Il n-y aura par exemple aucune interaction entre les jolies vénusiennes et les astronautes et pour cause puisqu'ils ne jouent dans le même film que par un grossier procédé de montage même si le décor commun permet de conserver un semblant d'illusion. Sans grande surprises Voyage to the Planet of Prehistoric Women reste une série B kitschissime que seuls les amateurs de cinéma d'exploitation fauché pourront regarder avec indulgence et tendresse. Si vous aimez les miniatures et les maquettes vous serez servis le film commence même par trois minutes non stop de divers vaisseaux et fusées ventant les mérites des avancées technologiques américaines pour la conquête de l'espace (un comble pour un film russe à l'origine). Ensuite le film est rempli de toutes ses petites choses qui font mon plus grand bonheur comme une attaque de lézards qui ressemblent à de mini Godzilla monté sur ressorts , une plante inhospitalière à tentacules, un vieux ptérodactyle bien moisi en caoutchouc mou comme une vielle chambre à air, une pieuvre en plastique et un bon gros robot type boîte de conserve à l'intelligence artificielle relative. Pour ce qui est des douces vénusiennes c'est un défilé de bimbos avec soutien gorge en coquillages et tignasses blondes décolorée qui communiquent entre elle par télépathie et dont la chef s'affuble d'une toque de cuisine assez ridicule lors de cérémonie pour vénérer le dieu ptérodactyle moisi. Alors oui l'ensemble est assez imbuvable mais le film conserve cette poésie de l'accident qui fait souvent sourire devant tant de gauche naïveté. Moi j'aime bien cette idée du voyage intersidérale qui se fait en siège baquet avec juste une ceinture de sécurité , des stations service de l'espace pour faire le plein de la fusée en cours de route et de la planète Vénus qui ressemble à la côte bretonne avec des jolies filles alanguies sur des rochers avec des coquilles saint jacques sur les nichons , ça fait quand même plus rêver que le désert rouge et vide de Mars. Et puis il faut saluer aussi les images du film russe à l'origine de ce double bidouillage car il comporte quelques effets spéciaux vraiment convaincants notamment un aéroglisseur qui plus tard inspirera un certain Georges Lucas pour un petit film de science fiction.


Voyage to the Planet of Prehistoric Women reste une production étrange un peu oubliée; mais si vous êtes curieux, magnanime, indulgent, bon public et surtout bisseux dans l'âme ce voyage ne vous emmènera pas bien loin mais il permet de passer un bon moment.

freddyK
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le 14 mai 2021

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