Contient des spoilers


Tombé par hasard sur ce film, en fan de sci-fi j'ai été séduit à la lecture du plot, qui, bien que classique, laissait entrevoir des possibilités intéressantes : la Terre, une nouvelle fois au bord de l'extinction, découvre une planète potentiellement habitable et décide d'y envoyer des représentants pour perpétuer l'espèce. Seul hic : le voyage pour l'atteindre durera 86 ans et plusieurs générations seront nécessaires pour y parvenir. Afin de maximiser les chances de réussite, un groupe d'enfants sera fécondé in-vitro en employant le meilleur matériel génétique humain (vive l'eugénisme quoi) et élevé en milieu clos, sans jamais sortir du centre de recherches. Ne connaissant ni la beauté ni les distractions du monde extérieur, ils n'auront donc rien à regretter en quittant la planète pour accomplir leur mission capitale mais quelque peu ingrate. Seul Colin Farrell, scientifique qui suit les ados depuis leur naissance et a fini par s'attacher à eux, décide de tout abandonner pour les accompagner et sécuriser le voyage (visiblement il avait la vie sociale d'un joueur pro de Fortnite). Naturellement le voyage ne se déroulera pas comme prévu et le groupe sera confronté à une mystérieuse menace.


Alors oui, ce scénario est limite tiré par les cheveux (faut croire qu'on a les moyens de construire un vaisseau autonome pendant 86 ans mais qu'on a pas encore découvert la stase), mais néanmoins le caractère multi-générationnel de l'expédition, l'isolation, les relations sociales dans un milieu complètement clos, les errements de l'age adolescent dans ces conditions pour le moins extraordinaires, la fameuse menace inconnue... Autant d'aspects qui, traîtés intelligemment, peuvent aisément donner un bon film, voire même une saga. Le casting est également de qualité : j'ai évoqué Colin Farrell, mais les jeunes acteurs ne sont pas en reste avec Tye Sheridan (Ready Player One), Fionn Whitehead (vu dans le film interactif Black Mirror : Bandersnatch), Isaac Hempstead-Wright (souverain proclamé – lol – de Westeros)... Si je ne cite pas Lily-Rose Depp ce n'est pas par sexisme, mais parce que c'était le premier rôle dans lequel je la voyais.


Un bon a priori donc. Mais cet optimiste n'aura duré qu'une trentaine de minutes, le temps que tout le décor prometteur que je viens de décrire soit planté. Passé cette période (qui marque la disparition du personnage de Farrell), le scénario abandonne toute idée de devenir une bonne oeuvre de sci-fi et toute ambition de profondeur pour se transformer en teen-movie bas de plafond qui n'a rien de mieux à offrir que les pires représentants du genre (parce que non, je ne suis pas anti teen movies). La réflexion sur la condition adolescente est vite vue : lorsqu'ils arrêtent de prendre une drogue destinée à les discipliner, l'étendue de leur rebellion contre l'ordre établi consiste à... baiser partout sur le vaisseau comme des animaux (ça valait bien la peine de croiser les gènes d'un prix Nobel de physique et d'un chercheur du MIT) et à se faire des orgies alimentaires composées d'haricots lyophilisés et d'eau plate (bah oui, on fait avec ce qu'on a). Les personnages sont extrêmement manichéens, sans nuances, on a deux camps : les gentils qui tentent (assez pathétiquement) de maintenir l'ordre sur le vaisseau et d'accomplir la mission, et les méchants qui... se rebellent donc, et font de leur mieux pour buter les gentils (je passe sur l'interprétation et les regards bovins des acteurs secondaires quand ils clâment leur rébellion et leur dédication à leur nouveau leader). Je ne peux même pas parler de jeux de pouvoir entre les factions, puisque ça se limite à du « il s'est tapé la nana que je convoitais, allons chercher des armes pour le trucider ». Quand à la menace qui plane sur le groupe, inutile de s'emballer et d'espérer un quelconque monstre alien un tantinet classe : il s'agit juste d'un stratagème imaginé par les méchants pour prendre le pouvoir, ce qu'on grille assez rapidement. Et c'est toute la profondeur du scénario qu'on aura, ce qui est un peu triste vu les potentialités qu'avait le plot initial. Oubliez aussi tout le cadre sci-fi : tout cela aurait pu se produire dans la jungle ou sur une île déserte, l'impact aurait été le même.


Ultime provocation, le film présente au travers d'une séquence en accéléré dans les trois dernières minutes l'évolution de la vie sur le vaisseau, les générations qui se succèdent et pour conclure la réussite de la mission. Bah Mr. Burger (que je ne connaissais pas et dont le seul mérite aura été de me foutre la dalle avec son nom), c'est ça qu'on voulait voir dans votre film, pas une bande de jeunes mous du bulbe qui se font la guéguerre pour savoir qui a la plus grosse (crise d'adolescence) pendant 1h30 !

Vonsid
3
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le 1 mai 2021

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