La musique country c'est vraiment pas un truc européen, presque anti-culturel, et Johnny Cash n'a jamais eu et n'aura jamais ici l'aura christique dont il dispose en Amérique. Un peu comme toutes les musiques de genre, le grand public ne connait que ses clichés: noirs dangereux analphabètes armés jusqu'aux dents qui violent des blanches dans le métro de Brooklyn qui insultent la police dans un micro pour le hip hop, cowboys ultra religieux avec ascendance Ku-Klux Klan qui urinent du pétrole et chient du purin de pur-sangs pour la country.. c'est comme ça, grosso-modo. Dans la réalité, évidemment, c'est un peu autre chose.
Loin de connaitre quoi que ce soit à cette musique, et le nom de Johnny Cash ne m'était que peu familier, en plus les biopics de chanteurs c'est souvent poussif, fait à la va vite, adulé et récompensés très facilement, souvent plus par respect par l'artiste glorifié que par les vrais qualités des films. (Tina? ok. Ray?..hum. Notorious? LOL.)
C'est donc d'un oeil suspect et lointain que je me suis laissé prendre par ce Walk The Line endiablé. Comme souvent, le point essentiel d'un film avec Joaquin Phoenix, c'est Joaquin Phoenix, qui terrasse tout sur son passage par son charisme naturel et sa composition hallucinante. L'autodestruction et la descente dans les abysses humaines, être sur la ligne constamment, c'est aussi un peu son crédo, sa marque, mais ça fonctionne quasi toujours.
Coté mis en scène et rythme ça cartonne bien, évidemment tout est centré autour de lui, sa relation en balance mais essentielle avec June Carter (Reese machin, plutôt chouette), avec la drogue ( ben oui hein), sa place dans le groupe d'artistes émergeant de l'époque (Elvis -interprété de manière ridicule et totalement hors sujet-, Jerry Lewis, et une évocation légère de Dylan), mais le point d'orgue demeure la relation étouffante avec son père, incarné par le T1000 Robert Patrick, troublant, redoutable, impeccable.
Walk The Line ne me fera probablement pas écouter de la country, mais me fera réviser tout de même les classiques de Cash, aux textes cyniques et anxiogènes, à contre courant de ce qui se faisait par ses contemporains.
Un "Must see".