On ne peut pas dire que les films croates soient légions par nos contrées. Alors quand un film de guerre réalisé par un parfait inconnu dans nos régions débarquent, on est en droit de se poser des questions. En réalité, ce qui vaut à War Land (Zivi i mrtvi pour son titre original qui signifie Les vivants et les morts) une sortie en DTV en France et en Belgique, c'est certainement le fait qu'il ait remporté une quinzaine de prix dans des festivals de seconde zone. Tout y est passé: meilleur film, meilleur réalisateur, meilleurs acteurs,...
Venons-en au film. D'abord on est assez surpris par la qualité du montage qui lie assez bien les deux périodes que sont la Seconde Guerre mondiale et la guerre contre l'ex-Yougoslavie. A travers parfois de simples situations on passe d'une époque à l'autre sans que cela ne choque ou ne perturbe le rythme du film. Pour la Seconde Guerre mondiale, l'oeuvre possède une légère teinte sépia qui contraste parfaitement avec les couleurs éclatantes des temps modernes.
C'est évidemment sur le fond que l'oeuvre possède des caractéristiques assez intéressantes. Premièrement, le cinéaste revient sur les deux dernières grandes guerres de son pays. Milic a évidemment bien connu la guerre contre l'ex-Yougoslavie, âgé à l'époque d'une vingtaine d'années. Mais ce qui est assez impressionnant, c'est de voir que les alliés d'hier sont les ennemis du présent et montrent à travers toutes les diversités culturelles et ethniques que connait la Croatie l'incroyable imbroglio qu'était la guerre de Yougoslavie.
Ensuite, le second point demeure le fait que l'oeuvre possède un côté fantastique où les morts des deux guerres font leur apparition dans le dernier quart d'heure, face aux vivants et d'un plan final important. Il est clair que les plaies du cinéaste et d'un pays entier face aux différents conflits ne sont pas encore cicatrisées.
Tout n'est pas parfait. Le jeu des acteurs est correct, mais on notera que les personnages sont assez clichés avec un rambo, un crétin, un rigolo, un peureux, etc.
Ensuite, certaines séquences demeurent peut-être trop crues pour le spectateur lambda, même si cette violence à l'écran demeure assez furtive. La seconde partie manque légèrement de rythme, mais rien d'important.
Milic a le don d'offrir un film de guerre hors des sentiers battus, avec une action assez peu présente, mais violente et revenant sur deux guerres importantes qu'ont connu la région des Balkans, des guerres marquant encore toujours les esprits.