Weekend fait le choix de pénétrer dans l’intimité de la chambre à coucher, d’enregistrer les confidences sur l’oreiller comme autant de signes d’une vie homosexuelle susceptibles un jour d’être exposés, révélés au grand jour. Néanmoins – et c’est là l’intérêt essentiel du long métrage –tout point de vue a priori triomphant se voit contrebalancé par un autre point de vue, souvent inverse ou plus nuancé, ce qui permet aux diatribes ou aux plaidoyers de se heurter jusqu’à l’éclatement devant l’amour, seul vainqueur. Comme le fera Matthias & Maxime, le film d’Andrew Haigh plonge son personnage principal dans le chaos des relations sentimentales, amicales et professionnelles afin d’en tirer un brouillard affectif qui tend à se dissiper à mesure que les cloisons se percent, que les espaces intérieurs se ventilent au contact d’autrui, que le dialogue s’installe.
Œuvre sur la parole, Weekend est aussi une œuvre sur le corps et ses représentations : un corps nu que la caméra érotise avec sensualité et discrétion, un corps habillé et chaussé de baskets à la mode, soigneusement sorties de leurs boîtes, dans l’optique de se faire remarquer. Le réalisateur joue ainsi sur la complexité de son protagoniste, tiraillé entre un désir d’expression et une retenue angoissée, dilemme que résoudra le voyageur Glen sur le quai de la gare. Aussi le long métrage mute-t-il à mi-parcours : il passe des égarements de son personnage à une course contre la montre au terme de laquelle il faudra dire adieu à celui que l’on aime ou essayer de le retenir par tous les moyens. De cet ultimatum, Haigh tire une détresse émotionnelle qui va crescendo et qu’incarne l’excellent Tom Cullen, jusqu’à la clausule très touchante. Une belle réussite.