Week-ends par Le Blog Du Cinéma
(...) Anne Villacèque filme de façon assez classique, et "française" mais émaille WEEK-ENDS de toutes petites trouvailles formelles évitant au spectateur l'ennui d'observer le spectacle du quotidien (enfin de l'hebdomadaire, puisque chaque scène prend place en week-end).
Ainsi, son sens du timing et du rythme s'allie à un ton très spécial tout en décalage, qui rappelle Lvovsky-réalisatrice, justement.
Par ailleurs, les scénaristes Villacèque, Sophie Fillières (Arrête ou Je Continue) et Gilles Taurand servent pleinement leurs acteurs par de savoureux dialogues remarquablement écrits, dont le minimalisme et l'absurdité jurent avec l'histoire racontée. Ils contrastent également avec la voix-off, dont la prose, cache une véritable ironie ; rare, elle distille pourtant durablement une ambiance mélancolique en mettant en parallèle la réalité du couple et le temps qui passe. Le cadre (la Haute-Normandie) est également un personnage illustrant cette mélancolie, avec ses humeurs et les changements qui l'habitent au fil des saisons.
Le récit, par l'association de ces divers éléments avance sans discontinuer, sans répétition autre que celle liée au titre.
Puis, intervient un cinquième protagoniste - Pascale, interprétée sobrement par Aurélia Petit - ce personnage dont le spectateur partage momentanément le point de vue, permet un changement d'ambiance, passant de légèreté/hystérie, à une distance permettant une vision différente de personnages dont on avait pénétré l'intime !
C'est ce changement subit de point de vue qui permet au film d'acquérir l'unité qui manquait légèrement à la succession plaisante mais un peu absurde des différentes scènes. À son apparition, l'équilibre de ce film singulier est enfin atteint ; WEEK-ENDS s'impose comme une façon légère d'aborder un sujet commun à tous, un discours sur le
temps qui passe, sur la détérioration du sentiment amoureux.
Sa dernière scène est à ce titre, intelligente : elle oppose ce discours à une vision très jeune. En quelques minutes, évitant soigneusement tout cliché sur la jeunesse, elle réussit à permettre de relativiser le spleen cinquantenaire en l'opposant au spleen de la jeunesse actuelle. Hors, elle présente celle-ci comme capable de comprendre et d'accepter la tristesse d'un amour qui ne fonctionne pas en quelques instant... Chose pour laquelle plusieurs saisons et un film entier seront nécessaire aux protagonistes principaux pour en admettre l’inéluctabilité. Ainsi est présentée la génération "twitter", génération de l'instant, loin des clichés habituels du cinéma d'auteur français - comme porteuse d'espoir, dans l'adaptation. Une conclusion parfaite pour un film plus intéressant et ouvert, que son aspect "gauche-Télérama" ne le laisse deviner.
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