L’Histoire, avec sa grande hache.
1er volume d’une trilogie intitulée « L’aller et le retour », Dieu ne croit plus en nous » se consacre à la fuite éperdue de Juifs autrichiens à travers une Europe gangrénée par le nazisme.
Dans un noir et blanc très travaillé, le film suit un parcours chaotique au fil duquel le personnage central va croiser autant de compagnons d’infortune que d’opposants à sa liberté, quel que soit le pays traversé.
Car le premier objectif de ce film à l’origine prévu pour la télévision est bien d’ordre mémoriel : il s’agit de partager les responsabilités quant à la mise au ban des juifs et des opposants au nazisme. Remarquablement documenté, le récit traverse l’Europe et prouve la complicité passive d’une bonne part de ses citoyens ou de ses administrations avec l’antisémitisme dominant. Véritable cauchemar, la perte initiale de l’identité ne s’arrête pas à la frontière : les personnages n’existent plus, et tentent en vain de faire valoir un droit à l’existence. Quand l’administration les ignore, voire les enferme (pour mieux les livrer à l’ennemi par après), les autres en font leur marché noir où la corruption règne en maître.
La France en prend particulièrement pour son grade, grande perdante tant dans son statut de patrie des droits de l’homme que dans sa capacité à résister à l’invasion, puis sa collaboration active à la traque des juifs.
La mise en scène, insistant volontiers sur la claustration, adopte un ton résolument documentaire. En résulte une neutralité assez déconcertante et, pour ma part, une distance constante avec les enjeux intimes du récit, édulcorés par cette sensation de consulter une archive historique. L’intérêt du film est évident, mais il manque de chair et si l’on peut évidemment considérer cet angle comme volontaire de la part du réalisateur, l’ensemble s’en trouve un peu desservi.