Attention pas de loup garou dans ce film qui n'est pas non plus un film d'horeur mais un drame psychologique.
Nous sommes en 1945. La guerre vient de se terminer mais les premières semaines de paix sont chaotiques et très noires. Mené par Hanka, 20 ans, un groupe d'adolescents et de pré-ados libérés par les soldats soviétiques du camp de concentration de Gross-Rosen s'installent dans un palais abandonné en pleine forêt. La violence et la peur constante de la mort sont tout ce qu'ils connaissent, d'autant que certains étaient tous petits quand la guerre a éclaté. Ils portent encore les uniformes du camp, ne savent pas se servir d'une fourchette et ignorent complètement que la vie, c'est autre chose que la survie. Pour ne rien arranger, les adultes ont soudain tous disparu de leur vie et le palais est envahi par des bergers allemands. Les enfants sont obligés de s'unir pour survivre et ce faisant, de faire face à leurs démons intérieurs.
On pourrait imaginer à entendre ce résumé qu'on a ici affaire à un Sa majesté des mouches fait des chocs et de sursauts, mais il n'en est rien. Panek cherche avant tout à dépeindre un monde où le bien n'existe pas et à créer une atmosphère de terreur constante. À travers cette histoire glaçante, il pose des questions simples mais fondamentales : un monde dont le bien a été exclu peut-il exister ? Est-ce que le bien est quelque chose qui s'apprend ? D'ordinaire, les récits d'apprentissage (car Werewolf en est un, doublé d'une fable sombre et d'un film d'horreur) amènent les personnages à faire l'expérience de la méchanceté et de l'amertume de la vie pour la première fois. Ici, c'est l'inverse, ce qui rend ce film original et frais. Werewolf est aussi un rappel du fait que les films de genre peuvent être de gracieux véhicules pour des propos profonds (The Shining étant un modèle du genre) et qu'il ne faut pas les sous-estimer.
Le style du film est élégant, cohérent et visuellement attrayant, grâce à la photographie dans les tons de bleu-vert de Dominik Danilczyk, aux décors d'Anna Wunderlich (les chambres et couloirs forment un labyrinthe terrifiant), au lieu du film et à la musique mélancolique d'Antoni Komasa-Łazarkiewicz, mais ce qui est le plus remarquable ici, ce sont les performances des jeunes acteurs, soigneusement choisis . Les garçons et filles qu'on voit ici ne surjouent jamais (c'est généralement le défaut des jeunes interprètes) : ils co-existent à l'écran avec beaucoup de naturel et apportent au film une grande énergie). La mise en scène discrète de Panek produit des résultats étonnants : Werewolf, immersif et beau dans sa noirceur, donne la chair de poule au spectateur mais pas physiquement : il fait frissonner son coeur et son âme.