Carpe diem.
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Cinéaste indépendant auteur de My Own Private Idaho, Gus Van Sant se rapproche de l'industrie hollywoodienne avec Prête à tout en 1995. Deux ans plus tard, il fait un pas de géant vers la notoriété et la respectabilité avec Will Hunting. Loin de refléter son style (qui exultera toujours par la suite, avec même des propositions radicales comme Gerry ou Last Days), Will Hunting vient plutôt indiquer les aptitudes d'un auteur à tailler du téléfilm à Oscars. Van Sant ré-éditera avec brio via Harvey Milk, biopic exsangue sur un activiste gay des 1970s.
Dès le début la réalisation se montre pataude et amorphe ; le travail de Van Sant est parfaitement lisible, mais le montage pas fin, le visuel sans goût. Cette négligence matinée de conformisme est étonnante de la part de Van Sant, même dans un cadre où il doit s'adresser au plus grand nombre sans que la forme ne prenne le pas sur le discours. C'est avec celui-ci et surtout avec ses deux protagonistes principaux que le film prend tout son intérêt. La confrontation entre le surdoué Will Hunting (Matt Damon) et son psychologue sur-mesure Sean Maguire (Robin Williams) est riche en émotions et en réparties cinglantes. Leurs échanges sont perspicaces et légères, parfois drôles, leur relation anime le film même en-dehors de ses enjeux. C'est bénéfique puisque ces derniers sont aussi peu denses et captivants que le personnage de Will est démagogique.
Le succès du film n'est pas dur à comprendre. Beaucoup de monde se retrouve ou se projette dans son génie rebelle et juvénile, dont l'impulsivité et l'animosité masquent dans un premier temps une intelligence fulgurante. Matt Damon (avec son ami Ben Affleck) s'est investi en tant que scénariste et acteur principal pour incarner une espèce de sur-homme borderline. La complaisance domine la sensibilité et même l'intelligence, ce qui engendre quelques séquences relevant du gag involontaire ou de l'idéalisation puérile. Ainsi pour exprimer le génie de Will de manière qualitative, on lui fait réciter par cœur les pages d'un livre ; pour montrer son charisme fauve et néanmoins mental vient ce passage surréaliste devant un jury. Car Will c'est l'intellectuel badass ou plutôt le badass intellectuel, donc une forme d'intellectuel amélioré, un qui sait festoyer et ruer dans les brancards !
Retour vers l'ordre moral du collège en somme. Malgré cette propension à tailler une mascotte ridicule, le film garde toujours un fond de perspicacité. Il est pertinent notamment lorsqu'il expose les dilemmes moraux de Will, les tensions de son caractère. Son intégrité est conséquente (sa défiance envers la NSA) mais corrompue par une peur de l'engagement et de l'inconnu (poussant l'orphelin à l'aliénation volontaire et la médiocrité, en dépit de ses vociférations). Il a aussi le mérite de montrer un prolo allant vers le triomphe social en se tirant psychiquement vers le haut et probablement en élevant avec lui sur son sillage – bien que cette phase soit essentiellement pour l'après.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Robin Williams, Le Classement Intégral de Zogarok, "Objectivement", je sous-note ces films, Les meilleurs films de 1998 et Les meilleurs films de Gus Van Sant
Créée
le 24 août 2015
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