Winnie Wins !

Sorte d'anachronisme infatigable, Winnie l'Ourson revient fréquemment sur nos écrans. Depuis 2000 on l'a déjà vu trois fois. Ça n'est certes pas autant que Harry Potter, Spider-Man ou James Bond, mais qu'une bande de peluches complètement ringardes continue de dépenser l'argent mal gagné des studios Disney quatre-vingt-cinq ans après sa création, ça force le respect.

Non content de ça, cet opus est brillant.

Acceptant dès les premières images le caractère aléatoire, voire arbitraire du récit, le film transcende le rôle du narrateur, Winnie ne se comportant pas toujours comme il le souhaite/dicte.
Ensuite, il joue à de multiples reprises sur la présence des lettres imprimées qui composent le récit. On les voit dans le ciel, on saute dessus, on chante dessus, on s'en sert pour fabriquer un escalier providentiel pour sortir d'un trou... C'est d'ailleurs un des enjeux évidents de l'intrigue : nos jeunes amis se sont mis dans des états pas possible parce que Maître Hibou n'a pas su bien lire le mot de Jean-Christophe.
Livrer un pareil méta-récit à nos chères têtes blondes... Quoi de plus généreux ?

D'autant que la mode est au tout-numérique et que Raiponce (fort sympathique mais moins bien construit) a battu La Princesse et la Grenouille au box-office... Comment survivre quand on est un dessin animé vieillot et crayonné ?

Avec un sens du rythme effréné, et des expérimentations graphiques poussées ( la scène toute en craie de la chanson du "Poil-Long" ) ainsi qu'un humour que l'oncle Walt semblait avoir banni.
Depuis vingt ans, en effet les films étaient fabriqués pour que les enfants suivent le premier degré pendant que leurs vieux, forcés de les accompagner, puissent rire du sous-texte et autres détails croustillants ( Aladdin en est le maître étalon ). Dans ce Winnie, rien de tout ça.
L'intrigue est claire pour toutes les tranches d'âges, et l'humour émerge des situations et des personnages ultra-caractérisés qui les vivent.
La scène où ils sont tous coincés dans le trou alors que Porcinet tente de les sauver est brillamment écrite, et par conséquent à mourir de rire !

Ajoutez à ce doux mélange la voix mielleuse de Zooey Deschanel pour vous bercer lors des génériques et vous avez là assurément un des dix meilleurs films de l'année.