Relativement surpris de l'accueil très mitigé de ce qui est très certainement pour moi l'une des propositions de slasher la plus sympa qui soit sortie ces dernières années. Dans Wolf Creek, Greg McLean réussit en effet à éviter les habituels clichés inhérents aux bobines horrifiques en prenant son temps, d'une part, pour composer de l'image magnifique afin de rendre un bel hommage à son propre pays et, d'autre part, pour caractériser ses futures victimes sans tomber, ni dans l'outrancier débile —comprendre des ados attardés qu’on aimerait étriper soi-même—, ni dans la mièvrerie CSA approved —au choix un sacrifice amoureux trop chou ou des salopards de criminels qui méritent d’y passer—. Les trois pauvres bougres auxquels il choisit de filer le doux statut de proie n’ont pour les caractériser qu’un quotidien somme toute assez banal. Leurs réactions, dignes du commun des mortel (j’éclate pas un mec qui fait 3 mètres de haut, MÊME s’il insulte ma douce promise) rend leur attachement quasi immédiat.

Résultat, quand McLean passe la seconde, et pare le fusil de sa lunette pour remplir le congélo en bidoche, que le massacre commence, on est partagé entre l’envie de jubiler —ben oué, quand on lance un slasher, on veut de la tripaille, on veut que ça charcle !— et celle de se révolter, de faire la peau à ce redneck vicelard beaucoup trop efficace. Et c’est ce double sentiment qui donne à Wolf Creek sa jolie singularité. Le Road movie d’une heure qui précède le massacre enlève à ce dernier le côté jubilatoire qu’on voulait pourtant y trouver. A tel point qu’en lieu et place des zigouillages qu’on souhaitait voir en début de bobine, on aimerait voir le film de McLean virer vers le revenge movie, histoire que l’ami Ben s’en prenne aussi plein la caboche.

Mais ce ne sera pas le cas, et c’est bien dommage. Parce qu'à la place, l’auteur va flinguer, en partie, l’écriture de son film dans un dernier acte glauque qui accumule les plans gratuits pour exagérer le côté « inspiré de faits réels » annoncé en début de séance. Il se laisse même aller, pour justifier l’intégralité de son propos, à tourner 10 dernières minutes complètement surréelles, avant de conclure par un faux happy end de petit malin qui laisse en bouche un arrière goût assez déplaisant.

Malgré cette faute de goût dans la dernière ligne droite, Wolf Creek est un survival différent qui ne manque pas d’intérêt. Sa première heure très calme en gonflera certainement plus d’un, ceux qui espéraient un simple slasher sans prise de tête notamment. Mais ceux qui sauront apprécier la prise de risque d’un jeune réalisateur, qui concrétisait pour l’occasion son premier film, risquent d’apprécier le voyage au point de rajouter sur leurs petits papiers le nom du compatriote à Dundee, auquel il rend, à l’occasion d’une moquerie inoffensive, un hommage amusant.
oso
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le 30 août 2014

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