Wolf Man
5.3
Wolf Man

Film de Leigh Whannell (2025)

Wolf Man : quand Blumhouse me surprend enfin

Attention cher lecteur, cette critique contient des spoilers sur certains éléments du film. Si tu ne l'as pas encore vu, je t'invite à revenir la lire plus tard. Pour les autres, bonne lecture !

Ça faisait longtemps que je n'avais pas été convaincu par une production Blumhouse, mais je dois bien reconnaître que je suis sorti assez satisfait de ma séance de « Wolf Man ».

L'introduction du film est particulièrement bien réalisée et pose immédiatement l'un des thèmes centraux : la relation filiale. On découvre un père militaire autoritaire, presque tyrannique, et son fils, isolés dans une maison en pleine nature. La tension entre eux est palpable dès le début, notamment lorsque le fils répond à son père par un rigide « Oui, monsieur », soulignant une dynamique de pouvoir déséquilibrée.

Lorsqu'ils partent chasser dans une forêt sauvage, où le danger semble omniprésent, une tension latente commence à monter. Cette intensité croissante est remarquablement soutenue par une conception sonore soignée, qui renforce l'atmosphère oppressante. La première apparition du monstre, bien qu'assez classique dans sa mise en scène, capte efficacement l'attention grâce au travail sonore qui amplifie son impact.

Dès cette introduction, le film parvient à poser son ambiance et à nous plonger dans son univers.

Le récit fait ensuite un lien de 30 ans dans le futur, où l'on retrouve le jeune garçon devenu adulte. Désormais père au foyer, il entretient une relation très proche avec sa fille, à l'opposé de ce qu'il a vécu avec son propre père. La mère, quant à elle, est totalement absorbée par son travail, ce qui crée une certaine distance avec sa fille. Elle éprouve même une pointe de jalousie envers la complicité entre le père et l'enfant.

Cependant, cette dynamique familiale évolue radicalement lorsque le père commence à se transformer en monstre. Le récit prend véritablement son envol lorsque cette famille « dysfonctionnelle » décide de se rendre dans l'ancienne maison du père du personnage princial (celle vue dans l'introduction). C'est sur cette base que le film approfondit ses thématiques.

Leigh Whannell a écrit des personnages crédibles et attachants, particulièrement le père, qui se révèle être une figure émotive et sincère. Il est déchirant d'assister à son combat contre sa transformation, surtout à travers les yeux de sa fille, qui l'aime profondément.

L'approche du film est intéressante, notamment par son huis clos. Il préfère misé sur son ambiance, son suspense et ses tensions psychologiques plutôt que sur des scènes gore. Un des aspects les plus marquants est la manière dont il traite de la communication. Lors de sa transformation, le père perd la capacité de parler. Il devient incapable de se faire comprendre par sa femme et sa fille, et elles, à leur tour, ne peuvent plus décrypter ses intentions. Cette perte de communication est une métaphore intelligente, qui matérialise les problèmes que le couple rencontrait déjà dès le début du film. C'est une idée simple mais puissante, bien exploitée tout au long du récit.

Le Sound Design est un des points forts du film. Les bruits de la forêt, où se mêlent craquements d'arbres et grognements de loup-garou, ajoutent énormément à l'ambiance.

Une scène en particulier m'a marquée : alors que tous les personnages dorment au rez-de-chaussée, le héros entend un bruit à l'étage. Dans un film d'horreur classique, ce bruit aurait été provoqué par un monstre caché, mais ici, Leigh Whannell joue avec nos attentes. Le bruit vient simplement d'une araignée marchant sur un mur, ce qui détourne astucieusement le cliché. Ce choix n'est pas anodin, cette scène marque les premiers signes insidieux de la transformation du héros en loup-garou, et ce traitement subtil est bien plus intéressant qu'un simple jumpscare.

La transformation en loup-garou est une autre grande réussite du film. Elle est lente, douloureuse et irréversible, à la fois terrifiante et viscérale. On sent que Leigh Whannell veut rendre hommage à « La Mouche » de David Cronenberg, mais aussi à « Le Loup-garou de Londres », deux classiques qui ont marqué le cinéma de genre. Le choix d'utiliser des effets pratiques plutôt que des images de synthèse renforce le caractère organique et réaliste de cette mutation. Les loups-garous du film m'ont d'ailleurs beaucoup rappelé les lycans de Resident Evil Village , avec leur apparence semi-humaine et leur côté bestial.

Leigh Whannell s'éloigne des codes traditionnels du loup-garou : ici, pas de pleine lune ni de malédiction ancestrale. La transformation est provoquée par un virus, ce qui modernise le mythe et le crédibilise.

En donnant au monstre une apparence encore partiellement humaine tout en le rendant intérieurement sauvage, Whannell réinvente subtilement ce folklore et en fait quelque chose de plus tangible.

Au niveau de la mise en scène, le film oscille entre des moments très inspirés et d'autres bien moins réussis. Par exemple, la scène de l'accident est absolument brillante : la caméra, placée à l'arrière du camion, propose un angle de vue original et évite le classicisme qui consistait à filmer l'accident depuis l'intérieur du véhicule. Ce choix apporte une vraie fraîcheur visuelle et narrative.

À l'inverse, certains passages tombent dans des clichés. Une scène en particulier, avec une voiture qui refuse de démarrer, est particulièrement faible : la tension retombe comme un soufflé. Le monstre apparaît sur le capot, sans que personne ne l'ait entendu ni vu arriver, ce qui enlève tout impact sur la scène. Ces moments un peu ratés contrastent avec les idées plus ingénieuses qui jalonnent le reste du film.

En conclusion, j'ai été agréablement surpris par « Wolf Man », surtout pour un film venant de Blumhouse, un studio qui m'avait habitué aux productions fades et sans ambition. Certes, le film n'est pas parfait : il n'évite pas certains clichés (maison isolée dans la forêt, voiture en panne) et ne m'a pas fait peur une seule fois.

Mais malgré ses défauts, j'ai vraiment apprécié sa réalisation, ses thèmes, ses personnages et son ambiance. Leigh Whannell propose ici une approche moderne et crédible du mythe du loup-garou, tout en livrant un film émouvant et bien construit. J'espère sincèrement que Blumhouse poursuivra sur cette lancée pour ses prochaines productions.


phenix1689
8
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Créée

le 31 janv. 2025

Critique lue 11 fois

phenix1689

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