Compelled Evolution...
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le 7 mars 2016
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Michael Wadleigh propose avec son Wolfen de 1981, un film a priori complètement farfelu figurant des loups mangeant des riches notables dans un New York hivernal (!!). Et punaise, il faut dire qu’il a l’air de faire bien frisquet.
Adaptation assez libre d'un roman éponyme de Whitley Strieber publié en 1978, Wolfen est surtout une excellente base de travail qui permet à Michael Wadleigh, hippie de la première heure et Woodstock-er devant l'éternel, de livrer une critique de la société américaine et de son rapport complexe aux First Nations. Parce que oui, les loups, c'est pas vraiment des loups mais bien une allégorie.
Sujet central, que celui du génocide des First Nations, dans l'histoire des Etats-Unis et pourtant sujet quasiment jamais traité dans le cinéma US, on est là devant un bug monumental. Un refus de passer l'obstacle. La politique de l'autruche.
Si le cinéma US est bien jonché d'histoire de cow-boys et d'indiens, de western et de films contant la glorieuse conquête de l'ouest, il est rarissime de trouver des cinéastes, des histoires, des projets se penchant spécifiquement sur la question du génocide indien (car oui s'en est un) et surtout le rapport qu'entretient l'Amérique contemporaine avec cette douloureuse histoire.
Wolfen a le mérite de tenter le coup !
Derrière l'enquête policière (plutôt bien foutu) conduite par le détective Dewey Wilson (Albert Finney) et son équipe, se trame un projet bien plus ambitieux. Celui du procès d'une Amérique qui a sciemment décidé de fermer les yeux sur les torts infligés aux peuples autochtones.
Sujet ô combien sensible chez l'Oncle Sam, que Michael Wadleigh aborde avec une habile prise de recul, à travers son récit de loups s'attaquant aux notables, aux corrompus, aux impurs. Une démarche astucieuse. Symboliquement, ces "loups" ciblent précisément ceux qui incarnent les forces destructrices du vivre-ensemble, ceux qui ont divisé les peuples, ceux qui portent la responsabilité morale du génocide.
Autre fait notable, l'utilisation d'une sorte de caméra thermique rasant le sol pour les vues subjectives de nos chers petits loups. Ca fonctionne bien et John Mc Tierman réutilisera le dispositif amélioré pour son Predator en 1987.
On aurait tout de même aimé voir une proposition plus ambitieuse et que l'allégorie ne prenne pas le pas sur l'ensemble du développement, car on comprend assez vite que les loups ne sont pas des loups et où Michael Wadleigh a l'intention de nous amener. Mais il ne le fera jamais. Il s'arrête en cours de route, en cours de développement et nous laisse au milieu du gué, avec des têtes décapitées et un appartement dans un chaos monstrueux en guise de conclusion.
S’autoriser à s’éloigner plus tôt de son propos allégorique aurait sans doute permis un traitement moins manichéen et une réflexion plus approfondie, dépassant le simple "ceux qui ont le pouvoir et l’argent sont les méchants". On sent que Michael Wadleigh aspire à quelque chose de plus nuancé (notamment dans la scène du bar et la discussion à propos de la présence millénaire des peuples autochtones), mais il semble rester prisonnier de sa métaphore lupine, limitant la portée de son discours.
Reste une tentative marquante, car abordant des thèmes quasi inexistants dans le cinéma américain. Évidemment, un tel sujet ne pouvait pas faire recette. Le film ne rapportera que 10 millions de dollars sur les 17 millions investis. Pas une catastrophe, mais pas non plus un succès.
Comme un symbole de l'impossibilité de traiter ces sujets sur la place publique et d'y consacrer de la pellicule, Michael Wadleigh retournera plutôt à ses rêveries woodstockiennes, bien au chaud, montant, remontant, et remontant encore pléthore de documentaires sur le festival (qui aura duré 3 jours pour rappel...).
"Give me a F! Give me a U! Give me a C! Give me a K!"
Créée
le 2 déc. 2024
Modifiée
le 2 déc. 2024
Critique lue 3 fois
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