Dans la continuité directe du récent Invisible Man (2020), Leigh Whannell prolonge sa déclinaison des monstres du studio Universal à des fins introspectives, renonçant alors au spectaculaire au profit de l’intimiste. Dès lors, l’horreur change de camp, est utilisée comme purgatoire du couple et de la famille : la métamorphose du père en loup-garou ressemble à celle de l’homme invisible ; cette expérience le conduit à découvrir et à explorer, telle une malédiction, ce fond de prédation masculine que subit la femme, héroïne de vertu et de bravoure, ici regardée, comme souvent chez Whannell, comme une mère. Le resserrement de l’intrigue dans l’espace domestique, prenant parfois des allures de huis clos, dessine les contours d’une mère-courage soucieuse, avant toute chose, de préserver l’équilibre et l’intégrité de sa famille, de protéger sa fille. Intégrée à une production visuellement inscrite dans l’esthétique BlumHouse, elle se rend pourtant responsable d’une lenteur d’autant plus pénible qu’elle procède par situations convenues et scènes de tension déjà vues.
Voilà un film poseur et figé, comme piégé par l’imagerie de son producteur, là où il aurait dû, au contraire, incarner l’animalité naissante du père. Demeurent quelques trouvailles en matière sonore, notamment l’association des bruits du quotidien (évier, levier de vitesse…) aux rugissements d’une bête invisible. La métaphore féministe de la prédation masculine, aussi pertinente puisse-t-elle paraître, s’avère lourdement assénée, éclipsant tout sentiment d’épouvante.