Wolfs
5.7
Wolfs

Film de Jon Watts (2024)

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L’air de rien, la sortie de Wolfs m’a beaucoup rappelé l’époque des confinements sanitaires. Étrange entrée en matière, me diriez-vous ! D’autant plus que le long-métrage n’a, a priori, aucun rapport avec cette période que nous souhaiterions effacer de notre mémoire. Et pourtant… Petit rappel des faits : alors qu’elle était annoncée pour juillet puis août 2020, la version live de Mulan se retrouve catapultée sur Disney+. Et ce aux dépens des salles de cinéma, qui assuraient depuis des mois la promotion du film en diffusant affiches et bandes-annonces. Un coup dur pour elles, devant déjà subir la chute de fréquentation des spectateurs et espérant un éventuel succès de ce genre de blockbusters pour les faire revenir. Bien que le contexte soit évidemment différent, c’est exactement ce qui s’est passé avec Wolfs. Et pour cause, le titre devait sortir dans les cinémas français le 18 septembre 2024. Mais suite à divers échecs commerciaux (Killers of the Flower Moon, Napoléon, Argylle), le studio Apple est tout bonnement revenu sur sa décision quelques semaines avant la sortie du film. Celle de produire des films destinés aux salles. De ce fait, Wolfs n’est sorti qu’une semaine aux États-Unis, avant d’apparaitre sur la plateforme AppleTV+. Quant à la France, le film est directement passé par la case streaming – chronologie des médias oblige –, et ce malgré le fait que les exploitants aient daigné en faire de la publicité. Encore une fois, le contexte est différent, j’en conviens. Mais c’est tout de même de voir les salles de cinémas endurer ce genre de situation, alors que la fréquentation des spectateurs se portent à peine mieux depuis quelques temps. Oui, merci à Un p’tit truc en plus et au Comte de Monte-Cristo. Mais deux films ne suffisent pas à dire que les cinémas vont mieux ! Surtout que là, il y avait peut-être matière à ramener du monde le temps d’une séance. Car Wolfs, c’est la réunion de deux monstres hollywoodiens (George Clooney et Brad Pitt), dans un film réalisé par Jon Watts (réalisateur de la dernière et très lucrative trilogie Spider-Man). En tout cas sur le papier…


En l’état, ce n’est finalement pas plus mal que le titre ait directement été diffusé en streaming, le résultat étant tout simplement insignifiant. Attention, je ne dis pas que le film soit mauvais ! Ce dernier a en effet un concept amusant – soit deux nettoyeurs solitaires qui vont, malgré eux, devoir faire équipe pour se débarrasser d’un corps encore bien vivant. Et propose des situations rocambolesques, avec deux comédiens complices en dehors des caméras qui se retrouvent pour une petite comédie d’action sans prétention. Par moment, ça bouge, ça fait sourire… bref, ça fait tout bonnement le taf le temps du visionnage. Mais je peine à croire que le film ait été, un temps, destiné aux salles de cinéma alors qu’il a clairement l’aspect d’un pur produit de plateformes. Et pour cause, l’ensemble rappelle les Red Notice, The Instigators, The Gray Man et autres burgers de fast-food cinématographiques. En somme, des titres fades et impersonnels qui se consomment sans aucune once de dégoût ni de gourmandise.


Du coup, que dire de plus sur Wolfs qui n’a déjà été dit sur les titres cités précédemment ? Malheureusement, rien de bien neuf à l’horizon car se sont toujours les mêmes remarques qui se répètent à la longue… Dans un premier temps, le long-métrage propose en effet un concept un poil vendeur mais ne servant que de prétexte à mettre sur pieds une intrigue cousue de fil blanc. Un récit en total pilotage automatique qui enchaîne les répliques et situations supposément drôles qui peuvent fonctionner selon notre sensibilité à l’humour facile. Dans un second temps, nous avons un réalisateur en tout point absent, qui confirme les dires les plus sceptique sur ses Spider-Man. À savoir un simple faiseur sans inspiration ni patte artistique. Qui ici filme mollement et de manière plan-plan tout en voulant délivrer un divertissement se voulant cool. Si la bande originale s’en sort assez bien, avec son côté électronique et jeu vidéo, l’énergie du film est cependant au point mort. Quant aux comédiens, ils font acte de présence et usent de leur charisme respectif, rien de plus. Et le pire, c’est qu’avec ces défauts, le film fonctionne malgré tout un minimum. Ce qui n’en est que plus frustrant et désespérant. Comme si le studio était passé par une IA pour concocter ce projet, en mode « réunir deux célébrités connues ayant la soixantaine, et les faire jouer dans une comédie d’action à l’image léchée. Et pour les diriger, prendre un réalisateur en vogue ayant été à la tête d’un des plus gros cartons de ces dernières années ».


Au final, est-ce que cela valait le coup d’évoquer de Wolfs ? Du film à proprement parler, non… Car cela m’a fait écrire des choses que je pense rabâcher à chaque produit de ce calibre, ce qui n’est clairement pas intéressant. Juste que ce long-métrage a bien fait de passer par le streaming et non les salles de cinémas, comme c’était initialement prévu. Par contre, cela m’a permis de vous pointer du doigt le rétropédalage d’Apple quant à ses productions. En effet, si Wolfs s’est retrouvé sur leur plateforme à la dernière minute, il reste fort à parier que leurs futurs projets subissent le même sort. D’une part – et cela a été dit –, le studio arrêterait de donner des budgets aussi conséquents, histoire de limiter la casse. Et de l’autre, ça menace les prochains titres, tel que F1 de Joseph Kosinski, pour le moment toujours prévu au cinéma le 25 juin 2025. Car si Wolfs reste un divertissement anecdotique, le nouveau film avec Brad Pitt, lui, semble respirer le cinéma à travers ses premiers teasers. Et là, ça serait vraiment dommage de devoir le regarder sur un petit écran.

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