Une des caractéristiques principales des films indépendants est que ceux qui les produisent ne sous-estiment pas leur public qui est souvent mieux informé, plus éduqué et surtout plus exigeant que celui qui se précipite sur les blockbusters hollywoodiens. Ainsi, ils n’ont pas besoin d’être directs dans leurs explications. Ils peuvent créer des films subtils transmettant des émotions et un contenu intellectuel qui se fait rare dans les films grand public. Cependant, ça n’est absolument pas le cas de Woman on Top. Bien qu’indépendant, bien que distribué par Searchlight qui a notamment promu l’excellent Boys Don’t Cry, il est d’un niveau intellectuel encore inférieur à celui des Marvel & Co. C’est d’un ridicule consommé.
Attention, je vais tout révéler sur l’intrigue du film et vous ne vous en remettrez certainement jamais.
Au bout d’une heure, ou même plus, alors que je me surprenais d’avoir tenu jusque-là, j’ai fait le constat amer que le récit n’avait pas avancé d’un centimètre. Les personnages, par exemple, ne sont absolument pas développés.
Le personnage principal, une chef-cuisinière brésilienne (Penelope Cruz, Espagnole qui tente vainement de faire un accent brésilien ; s’ils tenaient vraiment à l’engager ils auraient pu écrire un personnage dont la langue maternelle est l’Espagnol, ce n’est pas comme si les options manquaient en Amérique du Sud), déménage à San Francisco suite à l’échec de son mariage et tout semble tourner autour de son physique des plus attirants. C’est également un des rares sujets du long-métrage permettant des touches d’un humour très moyen. Ces instants de « comédie » sont, sans exception, frustres, grossiers et tout simplement ne sont pas drôles. Des scènes de bouffonnerie léthargiques s’accumulent aux côtés d’autres interminables où des hommes bavent sur de jeunes Brésiliennes et fixent avec désarroi leur ami travesti présent dans l’unique but de prouver l’originalité sans borne de ce film puisque, comme chacun le sait, quiconque vit à San Francisco est soit un intellectuel, soit un travesti.
Le Cinéma (avec un grand C, comme vous le voyez) a indéniablement un potentiel infini en tant que moyen d’expression artistique et il existe bon nombre de films, indépendants ou non, qui sont intelligents, bien réalisés et engagés (et engageants). Néanmoins, Woman on Top, dans un effort désespéré d’atteindre un public plus large, sacrifie toute forme de dignité ou d’intégrité auxquelles le spectateur pourrait s’attendre. Finalement, ce n’est rien de plus qu’un film paresseux, bête et douloureusement gênant dans ses tentatives d’humour.
A éviter à tout prix.