Les mœurs de la société bulgare distillée

C’est une réalisation de Mina Mileva et Vesela Kazakova. Women Do Cry été présenté dans la sélection Un Certain regard du Festival de Cannes 2021.


Ce drame va donc nous conduire dans les contrées de la Bulgarie. Une donnée très importante à prendre en compte, car cela va influencer la compréhension. En effet, tout ce qui va arriver doit être interprété via leur vision culturelle. Après avoir exploré un peu la Roumanie à travers Bad Luck Banging or Loony Porn, il est intéressant de s’attaquer à un nouveau pays de l’Est. La Bulgarie est à un croisement de son histoire. Bien qu'elle ne fît pas partie de l'URSS, c’était un allié fidèle du bloc soviétique. De nos jours, elle continue d’être proche de la Russie. Cependant, son appartenance à l'Union européenne l’ouvre considérablement vers l’Occident. C'est la raison de la complexité de tout ce que l’on va voir. Une partie du pays est en pleine transformation, quant à l’autre est dans l’attachement au traditionnelle.


Les thématiques vont donc être essentielles. Il y aura celles de la place de la femme au sein d’un foyer et de la société du travail, mais aussi, la problématique d’une personne était atteinte du VIH et de la vision qu’à la société sur elle. On en profitera aussi pour aborder légèrement la discrimination envers les homosexuels. Nous allons donc pouvoir voir les blocages très durs qu’une partie des habitants ont contre les autres via des a priori. Sonja, atteinte du sida, est mise en paria de la société. Un acte difficilement entendable pour beaucoup de personnes vivant en France. Cela montre qu'en Bulgarie cette maladie porte encore l’image des mauvaises mœurs au sein d’une société traditionnelle. Il est aussi intéressant de voir comment la mère au foyer est prise entre deux feux. D’un côté son mari trouvant évident de l’être, de l’autre sa sœur militante rejetant cet acte. Ce sont les symboles d’une société en pleine évolution.


Tout cela va nous permettre d’avoir des scènes vraiment émouvantes et prenantes. Notamment au début où l’intrigue s’installe. C’est là qu’on va comprendre tous les deux tentant et aboutissants culturels de ce pays. Puis vers la fin, où toutes les intrigues familiales commencent à se débloquer. Des mots vont être mis sur les émotions et les échanges vont être forts. Heureusement, d’ailleurs, que nous avons ce final pour relever la densité. En effet dans le milieu du film, nous allons partir dans un choix artistique contestable. Au lieu de continuer réellement à fond dans le sujet, les réalisatrices vont faire tomber la protagoniste dans une sorte de folie. On sent la volonté de critiquer la place de l’orthodoxie. En revanche, cela est fait sur un ton trop lourd et nous éloigne du fil conducteur.


Cette sensation est aussi en partie due au fait que Maria Bakalova a du mal à trouver un juste-milieu dans son jeu. Au contraire de ses sœurs qui sont souvent dans la bonne mesure, l'actrice bulgare veut souvent trop en faire. Ce qui est dommage, car son personnage est véritablement central et dicte la température du film. Heureusement donc les actrices autour d’elle arrive à la tempérer.

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le 6 mars 2022

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