Il était une fois, une super-héroïne porteuse d’espoir

Avec les résultats convaincants de Man of steel, Batman V Superman et Suicide Squad, les studios Warner sont sur les starting block. La réunion tant attendue de tous les super héros de l’univers Dc Comics dans une future Ligue des Justiciers approche à grand pas. Pour patienter, un quatrième film solo du DC Extended Universe sort sur nos écrans cette semaine, mettant en scène le tout premier long métrage consacré au personnage de Wonder Woman, interprété par l’actrice Gal Gadot.


L’ambassadrice de la paix fait son entrée dans le monde des hommes


Edge of tomorrow, Hunger Games, Gravity, Mad Max fury road, depuis quelques années, la place de la femme a changée, marquant un tournant dans le monde du septième art. Dans l’univers des super héros, les héroïnes ont toujours été reléguées au second plan. La raison est simple : les super héros très virils ont été mis sur un pied d’estale depuis leur arrivée sur grand écran. Les spectateurs et spectatrices ont été habitués à ce monde d’hommes héroïques, jamais il n’aura été concevable de mettre une femme en première ligne. Quelques essais ont pourtant été faits en 2004 avec Catwoman, puis un an plus tard avec Elektra. Faute de scénario et de personnage travaillé, ces échecs cuisant enterreront définitivement l’idée de sortir un film de super héros au féminin. Nouvelle tentative cette année. WonderWoman sortant cette semaine, c’est une sortie évènement revêtant une certaine importance puisque, si succès il y avait, Wonder Woman pourrait diversifier un genre jusque là inchangé, faisant peut être naitre des blockbusters au féminin.


Mystérieuse, séduisante, prenant plaisir à se battre, Wonder Woman avait fait sensation dans Batman V Superman. Dans son film solo, il est question de nous conter ses origines remontant aux années 40. Tout commence sur l’ile où elle est née. Diana n’est qu’une enfant rêvant de devenir une guerrière, tout comme les autres femmes peuplant Themyscira. Les Origines des Amazones, la raison pour laquelle il n’y a que des femmes sur cette ile, tout vous sera raconté. Sur Themyscira, on remarque qu’hormis Diana, il n’y a pas d’autres enfants. La jeune fille est donc spéciale, surprotégée par sa mère, la reine Hipolyta, mais aussi maternée par ses tantes. Bien évidemment, à l’arrivée de Steve Trevor, il y aura confrontation entre Diana et sa mère voyant son enfant quitter pour la première fois la maison. Un moment très touchant. Par la suite, changement de décors.


Comme pour Captain América : First Avenger, le spectateur tombe en temps de guerre contre les Allemands. Comme ce dernier Wonder Woman jouera la carte du film de super héros à l’ancienne dans un contexte historique. La différence entre les deux personnages c’est que Wonder Woman ne basculera jamais dans la propagande de l’US Army ni ne mettra en évidence le drapeau américain, se refusant de plus à ne jamais afficher une ambiance kitsch voulue. En même temps, l’intrigue se passe en France. Ça saute aux yeux, certaines scènes semblent familières. Du point de vue de la forme, ces deux films sont similaires. Le fond lui est bien différent de tout ce que tout ce que les films de super héros ont pu nous offrir jusqu’à présent. Cette d’ailleurs cette raison qui fait que Wonder Woman marque un tournant dans ce genre.


Ce qu’il ressort de Wonder Woman c’est qu’il évite les clichés et les propos moralistes. Rappelons que l’argument publicitaire dont ce film à fait l’objet bien avant sa sortie c’était le féminisme. Dans cette œuvre, les propos sont droits, justes, Patty Jenkins apporte des dialogues subtiles, prend plaisir à inverser les rôles, tout en n’oubliant pas d’omettre que dans les années 40, la société était faite d’hommes. La femme était vue comme inférieure, devant accepter et subir sa condition : celle de gardienne du foyer respectant son époux et lui faisant des enfants. Avec l’arrivée de Diana, on cherchera à mettre les femmes sur un pied d’égalité avec les hommes. C'est à partir de là qu'on comprend que derrière se déluge d'effets spéciaux, il a un message important à faire passer. On peut critiquer négativement le film, pas ce message.


Chacun mène son propre combat


Contrairement à ce qu’on avait pu voir d’elle, origines oblige, Diana apparait ici naïve. Elle n’a jamais quitté Themiscyra, ne connait pas le monde des hommes et leur mode de fonctionnement. Néanmoins, la super héroïne en devenir est déterminée, courageuse et loyale. Gal Gadot, athlétique, gracieuse, affichant un sourire authentique à vous donner envie de décrocher la lune pour elle, porte sans surprises le film sur ces épaules. Contrairement à d’autres protagonistes féminins venus d’autres blockbusters américains, son personnage respire la simplicité, la générosité, l’innocence, la bonté, la compassion et l’honnêteté. Des valeurs trop peu montrées au cinéma, à la télévision, mettant constamment en évidence les attributs de femmes « superficielles ». Pour Wonder Woman, changement de formule, jamais de plans exhibant des parties de la silhouette de Gadot, pas de petits rictus de « je me la pète », jamais de jeu de séduction entre elle et Chris Pine. Une œuvre définitivement féministe, prouvant que la femme n’existe pas que pour satisfaire les plaisirs de l’homme.


Nous ne sommes pas dans le monde des bisounours pour autant. Les ravages, la brutalité, la violence, l’injustice, la détresse des hommes, des femmes et des enfants, les conséquences de la guerre sont montrées à Diana, confrontée pour la première fois à la dure réalité. Pas de corps en charpie pour autant, on n'est pas dans Il faut sauver le soldat Ryan. On n’oubliera pas d’exploiter l’ignorance de l’héroïne vis-à-vis du monde des hommes, montrer toute la difficulté qu’aura Diana en arrivant dans ce monde inconnu ambigu. Ainsi, arrivée à Londres, elle est en armure de combat. Pourquoi doit-elle se couvrir puisque c’est une guerrière ? Notre princesse Amazone ne comprend pas. C’est là qu’on peut utiliser à bon escient l’humour en l’exploitant d’une bonne manière, sans exagérations. Lorsqu’elle sera obligée de se déguiser en portant des vêtements féminins afin de se fondre dans la masse, elle se trouvera étriquée dans ses vêtements, se demandant comment elle pourra se battre avec un tel accoutrement. C’est là toute la subtilité de l’humour dont fait preuve notre film.


Aux cotés de la charmante Gal Gadot évolue Chris Pine (alias le Capitaine Kirk dans Star Trek) interprétant Steve Trevor, beau gosse, soldat exemplaire un rien dépassé par la situation face à une femme aux pouvoirs extraordinaires. Notre personnage ne sera jamais « écrasé » par notre héroïne. Au contraire, le tandem évolue sur un pied d’égalité. Ce personnage à tout d’une Lois Lane au féminin (moins damoiseau en détresse que cette dernière). Plus qu’un simple amant, ce dernier apprendra à Diana la vie au-delà de Themyscira. Contrairement à Diana, il est réaliste, il a suffisamment vécu pour comprendre comment tout fonctionne, il sait de quoi l’espèce humaine est capable. Diana elle, débarque, persuadée que les humains sont purs et bons. Elle tombera des nues en découvrant la vérité. En parallèle, grâce à cet apprentissage, quelque chose de fort se créera entre nos deux protagonistes apprenant à se connaitre l’un l’autre. Jolie alchimie entre Gal Gadot et Chris Pine. De jolies scènes drôles et plus intimes sont à prévoir. Relation attendrissante, ça marche, on y croit. Pine tient sa place de second, Gadot la première, tant et si bien que notre duo fonctionnerait presque comme ce qu’on retrouve dans un buddy movie.


Joli développement des autres personnages les accompagnants (Sameer l’agent secret maitre en déguisements, Charlie le tireur d’élite alcoolique, et le Chef, un indien), formant un petit groupe attachant. N’oublions pas Lucy Davis, interprète d’Ettan la secrétaire excentrique et rondelette de Steve (beaucoup de gags qui, bizarrement, passent ). Pour les antagonistes, de belles surprises et rebondissements sont à prévoir et, nouveauté, pas question de vous offrir des méchants ridicules même si l’un d'eux porte le nom de Dr Poison.



« Le monde des hommes ne te mérite pas. »



L’ère du renouvellement continue chez Dc Comics


Les photographies et scènes mémorables s’enchainent. L’univers Marvel, maintenant l’univers Dc, deux à trois films par ans, ça y est, on a largement fait le tour du sujet vous ne croyez pas? C’est là que la princesse Diana entre en scène, là où Wonder Woman crée la surprise. Il faut le voir pour le croire et bien que la version longue de Batman V Superman ait été une claque visuelle et narrative, Wonder Woman parvient à le surpasser émotionnellement. Jamais on n’avait vu une œuvre aussi forte. La précision des dialogues par exemple ou cette manière inédite de montrer le personnage à l’œuvre dans des séquences à couper le souffle. En vue de la bande annonce et de tous ses effets de ralentis montrés, on avait vraiment peur de l’indigestion du procédé. Finalement, ses effets, que l’on peut d’ailleurs retrouver dans 300, Sucker Punch, ou Watchmen, n’entachent pas le plaisir que procurent leurs scènes. Au contraire. Bien dosés, ces effets sont surtout utilisés quand la réalisatrice veut nous montrer la précision, les gestes amples, musclés et herculéens de notre héroïne.


Des décors paradisiaques d’une ile où vivent exclusivement des femmes aux ruelles sombres et crasseuses de Londres, en passant par le front et les tranchées du nord de la France, Wonder Woman penche tantot vers le clair et coloré, tantot vers le sombre. Comme quoi, même coté esthétique, le film tente une nouvelle approche du genre, et il le fait bien, voir mieux que ce qu’on l’imaginait. Wonder Woman souffle un véritable vent de fraicheur.


Zack Snyder nous l’avait dit : Batman V Superman sera le seul film du Dc Universe à être si sombre, complexe et sérieux. Et il avait raison. Humour, tendresse, drame, héroïsme, Wonder Woman trouve toujours le ton juste. Jamais trop de mièvrerie, jamais trop de sombre, jamais trop d’humour, jamais trop d’explosions et de fx, le juste milieu à tous les coups, l’équilibre parfait.


Quand on parle de film dégageant une puissance émotionnelle, il faut que les musiques aient le même impact. Et c’est là qu’une deuxième surprise apparait. Rupert Gregson Williams a qui l’on doit dernièrement la bo du chef d’œuvre Tu ne tueras point, remet le couvert en nous pondant une bande originale digne de ce qu’avait pu nous offrir le grand Hans Zimmer dans Batman V Superman et Man of steel. Titres variés, mêlant âme guerrière, épique, héroïsme et tragédie, la bande originale de Wonder Woman vous retourne le cœur au point de vous faire sortir quelques larmes d’émotion. En parlant de larmes, me revient en tête cette séquence où Diana s'affiche pour la première fois en costume, traversant le très dangereux "no man’s land". Des frissons. Il n’y a pas plus significatif de ce que représente Wonder Woman et sa destinée. Patty Jenkins a compris ce qu’à toujours été la mission d’un super héros. Bravo.


Au final, Wonder Woman, fidèle à sa version comics, fera la joie des petites comme des plus grandes, ainsi que les amateurs de super héros. A ceux qui pensaient que ce genre c’était essoufflé et qu’on en avait fait le tour depuis quelques années, soyez prêt à être surpris. Sacrifice, humilité, bravoure, détermination, et résilience, Dc a comprit ce que signifiait être un héros et nous le prouve en un seul film.

Jay77
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le 8 juin 2017

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