Wonder Woman, au delà de toutes choses, est un film laid. C'est un des films les plus laids que j'ai vu depuis un moment. Il est laid au delà de son esthétique générale et de son design. Les CGI, déjà, sont absolument immondes. Quand les personnages marchent dans un décor, on devine du premier coup d'oeil où celui-ci s'arrête et où commence le fond vert. Il y a pas mal d'incrustations qui bavent et qui sont floues, et les animations semblent faites à la va-vite; ce que j'aurais pu pardonner dans un film à budget modeste, mais ce qui est inexcusable dans une superproduction Warner à 149 millions.
Et rien ne vient rattraper ça au niveau de la réalisation. Aucun plan ne ressort, à l'exception de certains qui sont tellement moches qu'ils s'impriment sur votre rétine comme si vous étiez en train de vivre un accident (comme celui où Wonder Woman traverse une vitre mal rendue en slow-motion). En parlant de slow-motion, l'influence de ce gros beauf de Zack Snyder se fait bien sûr sentir tout le long du film, avec un abus d'effets de ce genre (je n'ai rien contre les beaufs, notons; j'adore Michael Bay au delà du raisonnable. Mais il est un auteur là où Snyder est un tâcheron). Et Gal Gadot, qui passe tout le film à froncer les sourcils, ne vient rien arranger à tout cela.
Wonder Woman s'offre aussi le luxe d'être très mal écrit : outre un rythme inégal qui n'est jamais aussi bon qu'hors des scènes d'action, on se retrouve avec une chiée d'erreurs ou d'incohérences qui, mises bout à bout, donnent l'impression d'un film qui a pris toutes les mauvaises décisions possibles. Pourquoi, par exemple, faire se passer le film pendant la Première Guerre Mondiale si c'est pour y retrouver tous les clichés habituels des films de la Seconde Guerre Mondiale (comme le méchant allemand très méchant, tellement méchant qu'il tue un de ses collègues sans raison) ? Pourquoi dire qu'Arès souhaite que les hommes s'entretuent jusqu'à ce qu'ils disparaissent tous et faire se passer le film dans une période où nous ne possédions pas encore la bombe atomique ?
On a vraiment l'impression que le film se passe durant la grande guerre uniquement par souci de se différencier mais que personne n'a simplement songé à" comment écrire cette période intelligemment ?". Wonder Woman se révèle d'une prévisibilité incroyable, tant il cumule tous les clichés et tics de scénario possibles ("joignons nos forces et régnons sur l'univeeeeers !").
Alors oui, bien sûr que je suis content qu'un film mette en avant une femme forte, une super héroïne à laquelle les petites filles pourront s'identifier. Mais cela aurait été bien mieux si ça avait été fait dans un bon film. Là, autant que vous revoyiez La Grande Muraille, qui proposait un traitement des femmes et de son personnage principal féminin aussi bon, voire mieux, que celui de Wonder Woman (étant donné que la "femme forte" du film se payait le luxe de n'avoir aucun intérêt amoureux), et qui en plus était un bon film.
Je ne comprends pas les critiques qui ont hypé ce film sous prétexte qu'il est un peu meilleur que l'immonde Batman V Superman. Ce n'est pas parce que la moustache de Staline était plus jolie que celle d'Hitler qu'il était une meilleure personne. Vous ne rendez service à personne en allant voir Wonder Woman. Ceci dit, vous savez quoi ? Si vous voulez montrer à Hollywood qu'un film réalisé par une femme peut aussi avoir du succès et rapporter de l'argent, achetez votre ticket pour Wonder Woman. Mais un conseil : ne mettez pas les pieds dans la salle.
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