Wonder Woman n'est pas un film exempt de défauts : un début un rien poussif, certains effets spéciaux moyens, un contexte historique qui aurait put être BEAUCOUP mieux utilisé, un scénario assez basique au final. La plupart des méchants sont en carton (et je n'arrive pas à me positionner sur l'utilisation de Ludendorff. Ce général allemand a véritablement existé. Alors le représenter de la sorte : bonne idée ou un rien de désinformation historique?). Un combat final beaucoup trop court et bâclé.
Rajoutons aussi une absence assez scandaleuse des soldats français ou de leur simple mention dans ce film (si l'on excepte évidemment le personnage de l'acteur). Une nouvelle fois on anglo-saxonnise la Première Guerre Mondiale à l'excès, inquiétant pour l'apprentissage des petits américains, qui sont déjà loin d'avoir une connaissance historique solide et neutre si vous voulez mon avis avec ma culture éducative qui date d'avant-hier...
Mais bordel, il y a l'embryon du Wonder Woman que je voulais voir. Ce film c'est comme un enfant prometteur finalement !
ATTENTION, GROS SPOILERS
Personnellement, je voulais une tragédie grecque : Une Diana idéaliste et un rien naïve, toute contente d'aller tuer de l'allemand, parce qu'on l'a manipulé en les présentant comme le mal absolu. Une Wonder Woman qui passe plusieurs mois dans le sang et la boue des tranchées, faisant inexorablement avancer son camp vers la victoire, mais entraînant fatalement un effet de réaction meurtrier de la part du camp adverse. Une Diana qui se rendra compte que non, le monde n'est pas noir et blanc, que des horreurs sont faites des deux côtés. Qui affrontera Arès, mais avec un arrière-goût amer en bouche, parce que le Dieu de la Guerre ne serait pas le grand responsable, mais un simple profiteur. Un requin dans l'eau, attiré par l'odeur du sang, que les hommes répandent de leur propre volonté. Une Wonder Woman degoûtée, qui finira par abandonner lorsque Steve Trevor, l'homme qu'elle aime, sera fusillé injustement par son propre camp, pour une obscure histoire de mutinerie imaginaire, comme cela arrivait parfois. Une Wonder Woman renonçant à la mission de protection qu'elle s'était confiée, jugeant qu'il n'y avait plus rien à sauver. Jusqu'à ce que Kal-El n'érige son monument d'espoir...
Voilà le film que j'aurais adoré voir. Et force est de constater que si le Wonder Woman de Patty Jenkins se révèle parfois maladroit et clichetonneux, cette sève elle, est bien là ! Différente bien sûr, moins sanglante, plus optimiste, mais bel et bien là ! Qu'on songe ne serait-ce qu'au dialogue entre Wonder Woman et Steve sur la tour, ou à Arès, étonnement plus philosophe qu'on n'aurait put le penser. Le film de Jenkins ose ce genre de choses. Pas assez, pas jusqu'au bout (il aurait dut être R Rated), mais il ose. Et rien que pour ça, il ne peut être un mauvais film pour moi (même si cela dit je comprend ceux qui ne l'ont pas appreciés).
(De plus les scènes d'action envoient du pâté, il y a une patte graphique, le développement de Wondie est vraiment bien foutue, sa relation avec Steve aussi, et le féminisme du film passe comme une lettre à la Poste, car non-assomant, raccord avec le contexte et mélangé à d'autres messages)
Pas à la hauteur de Man of Steel ou BvS, mais bien au dessus de Suicide Squad, et possédant plus d'identité que bien des Marvel.
9/20 (parce qu'il a pas mal de défauts tout de même, mais il mérite des encouragements)